Éditorial
Djibouti est un pays résilient, forgé par le soleil et le vent, confronté depuis des siècles aux caprices d’un climat austère. Mais la sécheresse actuelle ne relève plus d’un simple épisode climatique : elle s’impose désormais comme un défi national majeur, aux conséquences humaines, sociales et économiques dévastatrices. Face à cette réalité implacable, le Président de la République, Son Excellence Ismaïl Omar Guelleh, vient de poser un jalon décisif dans la réponse nationale, en déclinant les grandes lignes d’un plan d’action structurant contre les effets de la sécheresse.
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SEM Ismail Omar Guelleh |
Une réponse multisectorielle à une crise transversale
Ce mercredi, dans l’enceinte solennelle du Palais de la République, le Chef de l’État a réuni autour de lui les principaux ministres et piliers institutionnels de l’exécutif, dans ce qui s’apparente à un réveil stratégique de l’État face à l’urgence climatique. L’enjeu : coordonner, intensifier et territorialiser la riposte publique, afin que chaque Djiboutien, notamment ceux de l’arrière-pays, ne soit pas abandonné à la soif, à la faim ou à l’abandon.
Le message présidentiel est clair : la sécheresse n’est pas qu’une affaire de météorologie, c’est une question de gouvernance. Et pour y répondre, tous les ministères concernés ( de l’Environnement à la Santé, de l’Agriculture à la Défense ) sont appelés à travailler de concert, dans une logique d’action collective et de résultats concrets. Le Président Guelleh, par cette démarche transversale, inscrit la lutte contre la sécheresse dans une approche systémique où chaque acteur public est comptable.
La décision de confier la coordination de ce plan au Premier ministre Abdoulkader Kamil Mohamed confirme la volonté de centraliser les efforts, d’éviter les doublons administratifs et d’accélérer l’impact terrain. C’est une architecture de commandement qui renforce la lisibilité de l’action publique et qui envoie un signal fort : l’État est aux commandes, dans un contexte où chaque heure compte.
Mais plus que des mots ou des schémas organisationnels, ce sont des actes rapides et visibles qui s’imposent. Là encore, la présidence ne tergiverse pas. Dès demain, selon les propos du Premier ministre, des vivres et des citernes d’eau seront acheminés vers les zones affectées, sous l’égide conjointe du ministère de l’Agriculture et de celui de la Solidarité nationale. Une intervention d’urgence qui réaffirme la vocation protectrice de l’État envers les plus vulnérables.
Ce premier déploiement humanitaire est plus qu’un soulagement : il est une démonstration de capacité. Dans un monde où tant de gouvernements peinent à agir dans les temps, Djibouti montre qu’elle peut allier réactivité logistique et solidarité institutionnelle. Mais il ne s’agit là que d’un début.
Au-delà de la crise actuelle, la sécheresse nous confronte à une réalité durable : l’eau devient un enjeu géopolitique, un bien commun à protéger, une priorité de développement. En ce sens, ce plan présidentiel doit aussi être lu comme un tournant stratégique dans la vision nationale. Il ouvre la voie à des politiques structurelles de gestion des ressources hydriques, d’adaptation climatique et de résilience territoriale.
Investir dans le dessalement, renforcer la captation des eaux de pluie, développer des infrastructures rurales d’adduction d’eau, promouvoir des cultures agricoles résilientes, tels sont les chantiers que ce plan doit progressivement intégrer. Il s’agit de passer d’une logique de réaction à une culture de prévention. Car la sécheresse d’aujourd’hui pourrait bien n’être qu’un avant-goût des défis climatiques de demain.
Une solidarité nationale en mouvement
Il faut aussi saluer la mobilisation collective qui s’opère autour de cette initiative. La réunion au sommet a rassemblé un large panel ministériel, de l’Intérieur à la Coopération internationale, en passant par la Défense, la Décentralisation, l’Environnement ou encore les Affaires sociales. Cette diversité d’acteurs n’est pas anodine : elle incarne l’unité gouvernementale face à une adversité partagée. C’est en conjuguant les forces, en cassant les silos administratifs et en mettant le citoyen au centre des politiques publiques que le pays pourra relever ce défi.
En filigrane, ce plan national de lutte contre la sécheresse traduit une bataille pour la dignité humaine. Un pays ne se définit pas uniquement par ses institutions ou ses indicateurs économiques, mais par la manière dont il traite ses citoyens les plus éprouvés. En ce sens, la décision présidentielle de faire de la sécheresse une priorité nationale est un acte d’humanisme politique.
Face à la sécheresse, Djibouti ne baisse pas les bras. Elle s’organise, elle anticipe, elle agit. Ce sursaut présidentiel n’est pas seulement bienvenu, il est indispensable. Il montre que la résilience ne se décrète pas, elle se construit. Et dans cette construction, chaque action publique, chaque logistique mobilisée, chaque litre d’eau distribué, devient un acte de résistance contre l’injustice climatique.
En prenant les devants, le Président Guelleh trace un cap. À l’administration, aux collectivités, à la société civile et aux partenaires de s’en saisir. Car le combat contre la sécheresse ne sera gagné que si, ensemble, nous transformons cette crise en opportunité de transformation. Pour un pays plus fort, plus juste, et plus durable.
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