La publication officielle des résultats définitifs du Troisième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH-3), ce mardi 17 juin 2025, lors de la 12e séance du Conseil des Ministresprésidée par Son Excellence Monsieur Ismail Omar Guelleh, Président de la République et Chef du Gouvernement, marque une étape majeure dans l’histoire statistique de Djibouti.
Mené avec une rigueur scientifique exemplaire et appuyé par une transition numérique sans précédent, ce recensement ( salué par l’ensemble des partenaires techniques et financiers ) s’impose désormais comme un levier stratégique pour le pilotage et l’orientation des politiques publiques nationales.
Ce sont 1 066 809 habitants qui vivent officiellement sur le territoire national au 20 mai 2024, date de référence du dénombrement principal. Derrière ce chiffre apparemment neutre se dessine un paysage complexe, vivant, en pleine évolution. Retour sur les résultats, les usages et les enjeux de cette opération d’envergure nationale.
Une opération technique au cœur de la souveraineté statistique
Le recensement général n’est pas un simple décompte de la population. Il s’agit d’une opération structurée, planifiée, rigoureuse, visant à collecter, analyser et publier des données fiables et exhaustives sur l’ensemble des habitants d’un pays, ainsi que sur les caractéristiques de leur habitat. Cette opération permet de saisir des réalités sociales, économiques, démographiques et territoriales indispensables à la conduite de toute stratégie de développement.
Lancée sous l’impulsion du Décret n°2021-191/PR/MEFI, cette troisième édition du RGPH succède aux campagnes de 1983 et de 2009. Elle s’inscrit dans une série de grands chantiers statistiques que le pays a menés ces dernières décennies, notamment les Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS), les Enquêtes MICS, ou les Enquêtes auprès des Ménages.
Mais ce recensement a introduit une nouveauté majeure : la transition vers la collecte numérique. Terminées les fiches papier. Place aux tablettes, aux systèmes de positionnement géographique (GPS) et aux bases de données interconnectées. Cette digitalisation a permis une meilleure fiabilité des données, une réduction des délais de traitement, et surtout une cartographie dynamique des réalités locales.
À ce propos, les résultats publiés par l’Institut National de la Statistique de Djibouti (INSTAD) sont sans appel. Avec un taux d’accroissement annuel moyen de 3,3 % depuis 1983, la population djiboutienne poursuit sa progression, portée notamment par une natalité élevée et une dynamique urbaine intense.
Djibouti-Ville concentre à elle seule 767 250 habitants, soit 71,9 % de la population nationale. Ce chiffre, à la fois révélateur et préoccupant, montre une concentration urbaine massive autour de la capitale. À l’inverse, les régions de l’intérieur enregistrent des chiffres plus modestes :
• Ali-Sabieh : 76 414 habitants (7,2 %)
• Dikhil : 66 196 (6,2 %)
• Tadjourah : 60 645 (5,7 %)
• Arta : 48 922 (4,6 %)
• Obock : 47 382 (4,4 %)
Cette disparité interrégionale appelle des réponses politiques concrètes, notamment en matière de répartition des services publics, d’infrastructures, de développement rural et de mobilité. La donnée devient ici un levier de rééquilibrage territorial.
Le RGPH-3 est plus qu’un tableau de bord démographique. Il est l’ossature de la planification nationale pour les années à venir. Grâce à des données actualisées, désagrégées jusqu’aux plus petits échelons géographiques, le Gouvernement dispose désormais d’une boussole pour orienter ses actions.
Que ce soit dans le domaine de l’éducation, de la santé, de la protection sociale, de l’emploi ou encore du logement, les décideurs ont désormais à leur disposition une base de sondage nationale robuste, géo-référencée et cohérente. Cette base sera utilisée pour élaborer les plans sectoriels, planifier les investissements, évaluer les besoins et suivre les progrès réalisés dans les Objectifs de Développement Durable (ODD).
Par ailleurs, les partenaires internationaux, tels que la Banque Mondiale, l’UNFPA ou les agences onusiennes, fondent désormais leur soutien et leurs financements sur la qualité et la disponibilité des données. Le RGPH-3 renforce ainsi la crédibilité internationale de Djibouti et sa capacité à négocier et piloter des projets structurants.
Une photographie sociale, genrée et équitable
Les chiffres du recensement révèlent une parité quasi-parfaite entre les sexes : 536 447 femmes (50,3 %) pour 530 362 hommes (49,7 %). Cette donnée, souvent sous-estimée, est fondamentale pour l’élaboration de politiques publiques sensibles au genre. Elle permet d’identifier les écarts d’accès aux services, les vulnérabilités spécifiques et les zones où des efforts sont nécessaires pour promouvoir l’égalité.
Les caractéristiques de l’habitat, bien que moins mises en avant dans la communication initiale, sont également cruciales : elles renseignent sur la qualité du logement, l’accès à l’eau, à l’électricité, aux sanitaires, autant de critères essentiels pour mesurer le niveau de vie et identifier les poches de pauvreté.
En outre, le succès du RGPH-3 repose sur une mobilisation sans précédent. Des milliers d’agents recenseurs, de superviseurs, d’experts en SIG, de techniciens informatiques et de statisticiens ont été déployés sur l’ensemble du territoire. Le Gouvernement, à travers l’INSTAD, a mis en place un dispositif robuste, rigoureux, appuyé par les autorités locales et les préfets.
À ce titre, un hommage particulier est adressé à la population djiboutienne, nationale et étrangère, pour son accueil, sa disponibilité et sa coopération tout au long du processus. Cette participation citoyenne témoigne de la maturité démocratique du pays et de la conscience collective de l’importance des données dans le développement.
Avec les résultats du RGPH-3, le temps est venu de passer du diagnostic à l’action. Le Gouvernement dispose désormais d’un socle statistique de haute qualité pour concevoir les politiques de demain. Chaque école construite, chaque centre de santé planifié, chaque route tracée devra désormais s’appuyer sur ces données pour répondre au mieux aux besoins des populations.
Mais au-delà des politiques publiques, ce recensement doit nourrir le débat national, éclairer la société civile, informer les citoyens, outiller les chercheurs et guider les investisseurs. En ce sens, il ne s’agit pas seulement d’un instrument administratif, mais d’un bien commun, à protéger, à mettre à jour et à faire vivre.
Enfin , le RGPH-3 n’est pas un aboutissement. Il est un nouveau point de départ. Un cap pour mieux gouverner, mieux répartir, mieux planifier. Un miroir dans lequel la République se regarde, lucide, pour tracer son avenir avec précision et responsabilité.
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