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jeudi 29 mai 2025

Hommage posthume à Ngugi wa Thiong’o, géant de la littérature est-africaine

 La Chronique de l’Est s’associe à ce deuil de la disparition de l’un des grands écrivains de notre région à travers cet hommage posthume. 


La littérature africaine est en deuil. L’écrivain kényan Ngugi wa Thiong’o, monument des lettres est-africaines et infatigable défenseur des cultures africaines, s’est éteint mercredi 28 mai à l’âge de 87 ans. La nouvelle, annoncée par sa famille, a provoqué une onde de choc bien au-delà des frontières du Kenya, tant son œuvre et son engagement ont marqué des générations de lecteurs et de militants panafricains.  


Un enfant de la colonisation, témoin des luttes

Né en 1938 à Kamiriithu, près de Nairobi, Ngugi wa Thiong’o a grandi sous le joug de l’oppression coloniale britannique. Son enfance, marquée par la violence du système colonial, a profondément influencé son écriture. Dans ses «Mémoires d’enfance «»( 2010), il raconte avec une lucidité poignante sa prise de conscience progressive des injustices qui frappaient son peuple. « Comme si j’émergeais de la brume »,  écrivait-il, dépeignant l’éveil d’une conscience politique forgée dans la douleur.  


                                     Ngugi wa Thiong’o


L’écrivain engagé, victime de la répression


Romancier, dramaturge et essayiste, Ngugi wa Thiong’o a fait de son œuvre un instrument de combat contre l’oppression. En 1977, son théâtre militant lui vaut d’être jeté en prison sans procès après la représentation de *Ngaahika Ndeenda («Je me marierai quand je le voudrai »),  une pièce dénonçant les travers de la société kényane postcoloniale. Déclaré prisonnier d’opinion par Amnesty International, il est libéré en 1978 sous la pression internationale, mais contraint à l’exil.  


Après des années d’enseignement aux États-Unis, où il devient professeur à l’Université de New York, il revient au Kenya en 2004, après la chute du président Daniel arap Moi. Mais son retour est tragiquement marqué par une agression violente dans son domicile, au cours de laquelle son épouse est violée et lui-même grièvement blessé. Cet événement, dont les motivations restent obscures, le poussera à s’éloigner à nouveau de son pays natal.  


« Décoloniser l’esprit » : un héritage intellectuel majeur


Son essai “Décoloniser l’esprit” ( 1986) reste une pierre angulaire de la pensée postcoloniale. Ngugi y défend avec ferveur l’usage des langues africaines comme acte de résistance contre l’aliénation culturelle. Lui-même abandonne l’anglais un temps pour écrire en kikuyu, affirmant que « la langue est la mémoire collective d’un peuple ». 


Son œuvre, imprégnée de marxisme et de panafricanisme, appelle à l’émancipation politique et culturelle du continent. Dans “Pour une Afrique libre” ( 2017), il explore des thèmes chers : l’estime de soi des Africains, la déconstruction de l’héritage colonial, et le rôle de l’écriture comme outil de libération.  


Une revanche posthume sur la censure


Ironie de l’histoire, sa pièce “Ngaahika Ndeenda“, interdite pendant 45 ans, a connu une résurrection triomphale en 2022 sur les scènes de Nairobi. Un symbole fort pour un homme qui n’a jamais cessé de croire en la puissance de l’art pour transformer les sociétés.  

Bien que régulièrement cité pour le Nobel de littérature, la plus haute distinction lui a échappé. Mais son influence dépasse les récompenses : Ngugi wa Thiong’o laisse une œuvre immense, un appel à la dignité et à la liberté qui résonnera encore longtemps.  



Adieu, Mûkûrû wa Mûmbi (« le gardien de la mémoire »). La plume est tombée, mais la lutte continue.  


 

mercredi 23 avril 2025

Valentin-Yves Mudimbe, l’insoumis des savoirs, tire sa révérence

 Il s’est éteint discrètement, comme les sages. Mais l’onde de son départ traverse déjà les continents. Car Valentin-Yves Mudimbe n’était pas un simple intellectuel africain parmi d’autres. Il était une secousse. Une secousse dans les fondations tranquilles de la pensée dominante, un contre-chant obstiné à l’orchestre monocorde des savoirs occidentaux. Il était, à sa manière, un déconstructeur tranquille, un démineur des évidences coloniales, un philosophe indocile.



Né au Congo belge en 1941, Mudimbe aura passé sa vie à déjouer les catégories, à interroger les langages, à déchiffrer les pièges du discours savant. Prêtre défroqué, linguiste, poète, romancier, universitaire transcontinental ( il aura enseigné aussi bien à Stanford qu’à Duke, tout en publiant en français comme en anglais ) Mudimbe fut d’abord un homme de traversée. Traversée des disciplines, des langues, des frontières.


Mais c’est avec L’invention de l’Afrique, son ouvrage phare publié en 1988, qu’il marque un tournant irréversible dans l’épistémologie des études africaines. Ce livre, dense et rigoureux, jette une lumière crue sur la fabrique intellectuelle de l’Afrique coloniale. Il démonte, avec une précision chirurgicale, la manière dont l’Occident a produit une image de l’Afrique comme altérité radicale, terrain vide à remplir de significations étrangères. L’Afrique, disait-il, n’a pas seulement été dominée. Elle a été inventée.


Mudimbe n’avait pas pour projet de substituer un discours africain à un autre discours. Il voulait aller plus loin : montrer que les outils mêmes du savoir ( philosophie, anthropologie, théologie, histoire 6 ont été façonnés dans un contexte de domination, et qu’ils doivent être repensés depuis leurs fondations. Il appelait cela une “gnose critique”, un savoir lucide sur les conditions de production du savoir lui-même.


Dans ses romans, Entre les eaux ou Le bel immonde, c’est une autre Afrique qu’il donnait à voir : celle des contradictions intimes, des quêtes spirituelles étouffées, des modernités blessées. Une Afrique sans fétichisme ni misérabilisme, traversée par les tensions du monde.


Mudimbe n’a jamais cherché la lumière des plateaux. Il écrivait dans le silence des bibliothèques, dans les interstices des langues, dans les marges de l’histoire. Pourtant, aujourd’hui, son absence résonne comme un manque. Il était de ceux qui nous obligent à penser. Non pas pour répéter des leçons, mais pour les retourner. Pour les réécrire, parfois dans le doute, souvent dans la douleur.


Valentin-Yves Mudimbe n’est plus. Mais son œuvre, elle, demeure comme un phare. Un appel à l’insoumission intellectuelle. Un refus de la paresse mentale. Une invitation, toujours actuelle, à réinventer l’Afrique ; mais cette fois, depuis elle-même.


 

lundi 21 avril 2025

Le Président Guelleh, rend hommage au Pape François

 Le Président de la République de Djibouti, Son Excellence Ismail Omar Guelleh, a exprimé, par un message publié sur son compte X (Twitter)  officiel, sa profonde tristesse suite au décès du Pape François. Dans un hommage empreint d’émotion et de respect, le Chef de l’État a salué la mémoire d’une figure spirituelle majeure dont l’engagement humaniste a marqué le monde.  



« En s’éteignant, le Pape François laisse à l’humanité bien plus qu’un héritage spirituel : il lègue l’empreinte d’un homme de justice, d’humanisme et de fraternité », a écrit le Président Guelleh. «Son pontificat a éveillé les consciences, rapproché les cultures et élevé la paix au rang de devoir universel. »


Par ces mots, le Président djiboutien a tenu à souligner l’impact profond du Saint-Père, dont le message de tolérance, de dialogue interreligieux et de solidarité avec les plus vulnérables a résonné bien au-delà des frontières de l’Église catholique. Le Pape François, par son appel constant à la justice sociale et à la protection de la planète, restera une source d’inspiration pour les générations futures.  


La République de Djibouti, fidèle à ses valeurs de paix et de coexistence harmonieuse entre les peuples, s’associe au deuil de la communauté catholique mondiale et rend hommage à un guide spirituel dont la voix a porté l’espoir d’un monde plus fraternel.  


 

vendredi 15 novembre 2024

Hommage posthume à Ahmed Mohamed Mohamoud Silanyo

 Inna lillahi wa inna ilayhi raji’un , C’est avec une grande tristesse que je viens d’apprendre  le décès d’Ahmed Mohamed Mohamoud Silanyo, ancien président du Somaliland et l’un des politiciens les plus influents de l’histoire contemporaine de la Somalie. Né à Burao en 1938, Silanyo a marqué de son empreinte des décennies d’histoire somalienne, depuis l’époque du gouvernement de Siad Barré jusqu’à sa présidence du Somaliland en passant par les années où il était à la tête du Somali National Mouvement. 



Diplômé en économie de l’Université de Manchester, où il a également obtenu un master, Ahmed Silanyo s’est illustré dès les années 1960 comme un acteur majeur de la planification économique en Somalie. Ministre de la Planification de 1969 à 1973, puis ministre du Commerce à plusieurs reprises, il a été l’architecte de projets industriels et agroalimentaires qui ont permis à la Somalie d’approcher l’autosuffisance alimentaire à la fin des années 1970. Des infrastructures telles que les usines de Jowhar, Fanoleh et Malay témoignent encore de son engagement pour un développement économique ambitieux et inclusif.



En effet, Silanyo n’était pas seulement un économiste chevronné, mais également un stratège politique hors pair. En 1988, alors qu’il présidait le Somali National Movement (SNM), j’ai eu la chance de le rencontrer au Ras Hôtel de Dire Dawa. Cet échange informel, facilité par un oncle qui faisait partie de son équipe, reste gravé dans ma mémoire. Il était un homme attentif, capable d’écouter ses interlocuteurs avec une profondeur rare, une qualité qui définissait son approche de la politique et du leadership.


Né dans une famille semi-nomade, Silanyo était le seul parmi ses frères à avoir bénéficié d’une éducation formelle, grâce à l’influence d’un oncle visionnaire. Cette opportunité allait transformer sa vie et, par extension, celle de tout un pays. Marié en 1968 à Amina-Weris Sheikh Mohamed, pionnière parmi les femmes somaliennes éduquées, il a su bâtir un foyer solide. Ensemble, ils ont traversé les défis de la vie politique tout en élevant leurs cinq enfants et en célébrant la joie de voir naître leurs sept petits-enfants.


En outre, la contribution d’Ahmed Silanyo à la Somalie et au Somaliland ne se limite pas à ses réalisations économiques ou politiques. Il a incarné une vision et un espoir pour les générations futures. Sa sagesse, son dévouement et sa persévérance resteront des sources d’inspiration pour tous ceux qui l’ont connu et admiré.

Il était parmi les derniers représentant d’un courant de politiciens nationalistes qui ont oeuvré et croyaient au développement de l’Afrique . 

Qu’Allah l’accueille dans son paradis éternel, Naxaris Jano !

Les messages de félicitations affluent de toutes parts pour saluer l’anniversaire de l’Indépendance de #Djibouti

  À l’occasion du 48e anniversaire de l’accession de la République de Djibouti à la souveraineté internationale, les télégrammes de félicita...