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vendredi 18 avril 2025

À Royan, la voix de Djibouti ranime les mémoires oubliées du bataillon somali

 Royan, 17 avril 2025. Le ciel est changeant, le vent de l’Atlantique mord les visages et fait claquer les drapeaux. Sur l’esplanade Félix-Marie de Kerimel de Kerveno, les regards sont tournés vers la tribune. Un homme s’avance. Costume sobre, gestes mesurés, voix grave. S.E.M. Ayeid Mousseid Yahya, ambassadeur de Djibouti en France, vient de se lever. Il ne lit pas l’Histoire : il la répare.



Dans le silence recueilli des commémorations, ses mots résonnent autrement. Loin des discours convenus, l’ambassadeur convoque une mémoire presque effacée : celle des tirailleurs somalis. Ces soldats venus d’un territoire que l’on appelait alors la Côte française des Somalis, aujourd’hui Djibouti. Ils n’avaient ni les mots ni les cartes. Mais ils avaient marché, combattu, enduré pour libérer Royan en avril 1945.


L’ambassadeur ne parle pas de gloire, mais de dignité. Pas de conquête, mais de fraternité. Il évoque ces visages bruns sous les képis, ces mains calleuses agrippées aux fusils, ces regards perdus dans les marais de la pointe de Grave. Certains sont morts à Vieux-Soulac, d’autres sont rentrés, en silence, dans un pays qui ne savait pas encore qu’il deviendrait une nation. Leur souvenir ? Éparpillé dans quelques archives militaires et dans la mémoire fatiguée de leurs enfants. À Royan, ce jour-là, ils retrouvent une place. Pas sur une plaque, pas dans un manuel , mais dans les cœurs.



La matinée commence au Fort du Chay, avec les premiers dépôts de gerbes devant Le Souffle, sculpture de Claude Lalanne. Puis vient la revue des troupes, le défilé, les parachutistes qui tombent du ciel comme pour rappeler que l’Histoire s’écrit aussi dans l’apesanteur. Sur l’esplanade, les enfants courent entre les véhicules militaires reconstitués, rient, posent des questions. Et les anciens combattants, eux, se tiennent droits, entre fierté et fatigue. Mais au-delà du décor, ce 17 avril est traversé par une question simple, posée sans fracas par la voix calme de Djibouti : qui se souvient des nôtres ?


En effet, l’ambassadeur ne vient pas exiger. Il vient rappeler. Que l’Afrique ne fut pas une simple arrière-garde coloniale, mais un acteur de premier plan dans cette guerre que la France dit sienne. Il appelle à une mémoire partagée, pas comme un luxe intellectuel, mais comme une nécessité morale. « Ce qu’ils ont semé ici, sur cette terre de Charente-Maritime, ne doit pas être balayé par le vent de l’oubli », dit-il. Et son ton ne laisse aucune place à la rhétorique. C’est une promesse adressée aux vivants. Ce n’est pas de nostalgie qu’il s’agit. Mais de justice.


Le soir, sur la plage de la Grande Conche, un feu d’artifice éclate. Les rires fusent, les flashs crépitent, les discours sont déjà loin. Pourtant, dans le vent tiède de cette fin de journée, quelque chose flotte encore. Une présence discrète. Une mémoire qui demande à rester. La voix de l’ambassadeur s’est tue, mais ses mots continuent d’habiter le silence. Comme une onde, venue de l’autre côté du continent.




Enfin , ce 17 avril, à Royan, l’Histoire ne s’est pas contentée de se souvenir. Elle a écouté une voix venue du Sud, celle d’un pays petit par la taille, immense par la fidélité. Et dans ce murmure, c’est tout un continent qui, sans fracas, a repris sa place dans la lumière.


 



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