Djibouti-Somalie : la visite du ministre renforce la coopération sécuritaire et diplomatique

 


Editoriale 


La première visite officielle du ministre  des Affaires étrangères et de la coopération internationale , M. Abdoulkader Houssein Omar, à Mogadiscio, vient rappeler une évidence trop souvent reléguée à l’arrière-plan des analyses géopolitiques : la destinée de Djibouti et de la Somalie reste intimement liée. En se rendant dans la capitale somalienne, à la tête de la diplomatie de son pays depuis quelques mois seulement, le ministre a envoyé un message clair : Djibouti demeure un pilier constant du soutien politique, sécuritaire et diplomatique à son voisin, au-delà des changements d’hommes et de portefeuilles.


Accueilli par son homologue somalien, M. Abdisalam Abdi Ali, puis reçu par le président S.E.M Hassan Cheikh Mohamoud, Abdoulkader Houssein Omar a porté la voix du président  S.E.M Ismaïl Omar Guelleh. Le geste n’était pas seulement protocolaire : il s’agissait de réaffirmer, dans un contexte régional incertain, que l’engagement de Djibouti en faveur de la Somalie n’a rien perdu de sa force. En retour, le chef de l’État somalien a exprimé une gratitude qui sonne comme une reconnaissance historique : Djibouti n’a jamais cessé d’être aux côtés de Mogadiscio, que ce soit par les armes, la diplomatie ou l’appui aux institutions.



Le calendrier de cette visite n’a rien d’anodin. Alors que la Somalie tente d’accélérer sa reconstruction institutionnelle et de consolider ses forces de sécurité face à la menace persistante des shebab, Djibouti vient rappeler qu’elle ne regarde pas ce combat de loin. Le passage du ministre djiboutien  au siège de la Mission de soutien et de stabilisation de l’Union africaine en Somalie (AUSSOM) en est la preuve. En rencontrant les responsables militaires et civils de l’organisation, il a souligné un principe constant de la diplomatie djiboutienne : « la stabilité de la Somalie est un facteur essentiel pour la sécurité régionale ». En d’autres termes, Djibouti ne se contente pas d’être un voisin bienveillant : elle est partie prenante, engagée dans la sécurité collective de la Corne de l’Afrique.


En effet, cette ligne de conduite n’est pas nouvelle. Depuis plus d’une décennie, Djibouti déploie un contingent significatif au sein des forces de l’Union africaine en Somalie, d’abord sous le mandat de l’AMISOM, aujourd’hui sous celui de l’ATMIS puis de l’AUSSOM. Mais au-delà de l’aspect militaire, c’est le message politique qui compte : Mogadiscio peut compter sur Djibouti, non comme un simple partenaire, mais comme un frère.


La signature d’un mémorandum d’entente entre les deux ministres des Affaires étrangères, instaurant un mécanisme de consultations bilatérales régulières, scelle ce partenariat dans la durée. Elle marque une étape dans l’institutionnalisation d’un dialogue stratégique entre les deux chancelleries, garantissant que les questions de sécurité, d’économie et de coopération transfrontalière soient discutées avec régularité et transparence.


Au-delà du geste diplomatique, cet accord traduit une conscience partagée : Djibouti et la Somalie ne peuvent se permettre le luxe de relations intermittentes. Leurs destins sont trop intriqués. Les défis sont communs : lutte contre le terrorisme, flux migratoires, commerce régional, gouvernance urbaine et frontalière. Dans chacun de ces domaines, l’absence de coopération renforcerait les vulnérabilités des deux pays.


Certes, l’histoire de la Somalie a souvent imposé à Djibouti un rôle qui dépasse ses moyens. Contributeur militaire, facilitateur politique, voix diplomatique pour un voisin fragmenté, Djibouti a parfois semblé porter un fardeau lourd. Mais c’est précisément ce poids assumé qui fonde sa crédibilité aujourd’hui. La visite du nouveau chef de la diplomatie s’inscrit dans cette continuité : la sécurité de la Somalie n’est pas un sujet secondaire pour Djibouti, elle est un élément central de sa propre sécurité nationale.


Dans un moment où la région fait face à des tensions multiples ( rivalités maritimes, compétition d’influences extérieures, instabilités transfrontalières ) Djibouti rappelle ainsi sa vocation : être un pont, un médiateur, un acteur de stabilité. Ce rôle, longtemps joué en silence, trouve à Mogadiscio un nouvel écho.


Enfin, la visite du ministre Abdoulkader Houssein Omar, au-delà de ses aspects protocolaires, s’impose donc comme un acte de diplomatie de continuité. Elle témoigne d’une fidélité à une ligne stratégique : Djibouti ne laissera pas la Somalie seule sur le chemin de la reconstruction. Et si la Corne de l’Afrique veut un avenir de sécurité et de prospérité, ce type d’engagement constant reste la meilleure boussole.






 

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