En ce 1er Conseil des ministres de la rentrée, S.E.M. Ismaïl Omar Guelleh a, comme à l’accoutumée, fixé la ligne directrice de l’action gouvernementale. Mais cette année, son discours dépasse le simple cadrage politique : il se veut une feuille de route resserrée, un rappel à l’ordre et une injonction à l’efficacité. À l’horizon, une seule boussole : l’Agenda Djibouti 2035.
Le Chef de l’État l’a martelé sans détour : cet Agenda doit demeurer l’« objectif commun » de toute la société, la matrice de nos ambitions collectives. En insistant sur la stabilité politique et financière comme socle d’une économie inclusive et résiliente, il met en garde contre la tentation de la dispersion et exige du gouvernement une cohérence d’action. Dans une région secouée par les crises, Djibouti n’a pas le luxe de l’improvisation.
L’accent mis sur la réforme des finances publiques, la mobilisation des ressources et la modernisation des infrastructures traduit une volonté d’accélérer le pas. Le Président sait que la crédibilité d’un hub logistique régional ne se mesure pas aux seules promesses mais à la capacité de livrer des ports performants, des corridors routiers fluides, et des services numériques compétitifs. En évoquant le Code numérique, il envoie un signal fort : l’avenir se joue autant sur les quais de Doraleh que dans les data centers.
Mais le cœur de son allocution résonne ailleurs : la jeunesse. Dans un pays où elle constitue la majorité de la population, la placer « au centre de toutes les politiques » n’est pas une option, c’est une obligation nationale. Emploi, formation, entrepreneuriat, logement : autant de terrains où l’impatience grandit, où l’État est attendu. Les mots du Président sur le chômage, prononcés sur un ton grave, sonnent comme un engagement : celui de ne pas laisser une génération en marge.
Cet appel trouve d’autant plus de résonance que Djibouti sort à peine d’une épreuve majeure : la sécheresse. Le Président a voulu rappeler que l’État a su répondre rapidement à cette crise, mais il sait aussi que le changement climatique impose désormais une vigilance permanente et une politique de long terme. Là encore, l’efficacité et la résilience seront jugées à l’aune des résultats concrets.
Enfin, la dimension régionale et internationale de son discours donne à cette rentrée une profondeur particulière. L’élection de Djibouti à la présidence de la Commission de l’Union africaine est, de fait, un tournant diplomatique. Le Chef de l’État y voit une reconnaissance et une responsabilité : défendre les opprimés, porter la voix des Palestiniens, plaider pour l’unité africaine. Ce rôle continental exige, chez nous, cohérence interne et exemplarité dans la gouvernance.
En somme, ce Conseil des ministres n’aura pas été une simple formalité institutionnelle. Il sonne comme un rappel collectif : l’Agenda 2035 n’est pas une vision lointaine mais une échéance qui se rapproche. Et c’est à l’aune de sa réalisation ( infrastructures modernisées, jeunesse insérée, économie digitalisée, diplomatie affirmée ) que se mesurera l’action gouvernementale.
Sur ce , la rentrée est donc lancée, et avec elle, une exigence : transformer les discours en actes, et les priorités en réussites tangibles
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