lundi 3 juin 2024

DJIBOUTI, LA LONGUE MARCHE VERS L’INDÉPENDANCE

Durant ce mois de juin, la rédaction de la Chronique de l’Est va se pencher sur le long combat pour notre souveraineté en offrant d'abord un éclairage global. Par la suite, nous vous proposerons des focus et des zooms sur des événements clés  qui se sont déroulés à différentes périodes. Nous inclurons également des témoignages de personnes ayant vécu ou ayant été acteurs de ces années-là.



Le parcours de Djibouti vers l'indépendance est une histoire de résilience, de courage et de détermination. De la colonisation au 19ème siècle à l'indépendance en 1977, le peuple djiboutien a surmonté de nombreux obstacles pour obtenir sa souveraineté. Comme bon nombre de pays africains, l’idée de souveraineté a émergé après la Seconde Guerre mondiale. Concrètement, c’est vers   la fin des années 1950 que la pensée indépendantiste a réellement germé chez les djiboutiens , avec Mohamoud Harbi comme chef de file. Or, l’histoire de notre nation est marquée par des décennies de colonisation, de luttes politiques et de résistance populaire. 

Aujourd'hui, Djibouti, petit pays situé à la corne de l’Afrique, est un exemple frappant de la lutte pour l'indépendance et la souveraineté en Afrique.


Hassan Gouled et Ahmed Dini, déclaration de l’indépendance 


Le territoire qui constitue actuellement Djibouti a attiré les puissances étrangères dès le 19ème siècle, en raison de sa position stratégique sur le détroit de Bab-el-Mandeb, à l’entrée de la mer Rouge. Les Français ont établi leur présence dans la région dans les années 1860, cherchant à contrôler les routes commerciales maritimes et à concurrencer les Britanniques, établis à Aden de l’autre côté du détroit.

En 1884, la France formalise sa domination en signant des traités avec les chefs locaux, établissant la Côte française des Somalis. Le port de Djibouti devient rapidement un point clé pour le commerce et le transport maritime, ce qui renforce l’importance stratégique de la colonie.

Ainsi, le sentiment nationaliste commence à prendre de l’ampleur après la Seconde Guerre mondiale. Les influences extérieures, notamment des mouvements de décolonisation en Afrique et en Asie, inspirent les habitants de Djibouti à revendiquer leurs droits. En 1958, un référendum est organisé par la France pour déterminer l’avenir de la colonie. Bien que la majorité ait voté pour rester sous la domination française , le mécontentement et les aspirations à l'indépendance continuent de croître.


Général De Gaulle 

Dans cette optique, les années 1960 voient l’émergence de partis politiques qui prônent l’indépendance. Le Front de Libération de la Côte des Somalis (FLCS) se forme en 1960, engageant des actions de guérilla et de résistance contre le pouvoir colonial. Parallèlement, les rivalités ethniques et les tensions internes compliquent le mouvement indépendantiste, la France exploitant ces divisions pour maintenir son contrôle.


Manifestation du 20 Mars 1967 , lendemain du référendum 

En août 1966, le général Charles de Gaulle, alors président de la République française, visite Djibouti dans un contexte de montée des tensions et de revendications indépendantistes. Sa visite est marquée par des manifestations massives organisées par les mouvements indépendantistes, notamment le FLCS, qui voient en sa présence une opportunité pour exprimer leur désir de mettre fin à la domination coloniale française. Les manifestations sont sévèrement réprimées par les forces coloniales, exacerbant les tensions et solidifiant la détermination des militants indépendantistes. La visite de De Gaulle, loin d’apaiser les esprits, renforce les sentiments nationalistes et accélère les démarches pour l’indépendance.




Les lendemains du référendum de 1967 furent marqués par une période de violence et de répression sévère. À Djibouti, les résultats du référendum, qui montraient une majorité en faveur du maintien sous souveraineté française contrairement à la volonté populaire, furent immédiatement contestés par les partisans de l'indépendance. Accusant les autorités françaises de manipulations électorales et de fraudes massives, les nationalistes djiboutiens organisèrent des manifestations qui dégénérèrent rapidement en émeutes. Les tensions internes furent exacerbées, et les forces coloniales françaises réagirent avec une brutalité inouïe, imposant un couvre-feu strict et procédant à des arrestations massives. Les violences qui s'ensuivirent causèrent de nombreuses victimes parmi les manifestants, et les forces de l'ordre n’hésitèrent pas à utiliser des armes à feu pour disperser les foules. 



Cependant, cette  répression sanglante eut des conséquences durables sur le climat politique et social de Djibouti. Les violences intensifièrent les sentiments anti-français et renforcèrent la détermination des mouvements indépendantistes. De nombreux leaders nationalistes furent emprisonnés, et les autorités françaises mirent en place des mesures encore plus strictes pour contrôler la population. C’est suite à ce référendum que le nom “ Côte française des somalis ” est remplacée par “ Territoire Français des Afars et des Issas”. Ce changement n’était pas anodin et le gouvernement français avec Foccart en chef d’orchestre avait fait ce choix pour des manœuvres politiques lui permettant d’accentuer les divisions pour mieux assoir son règne. Peine perdu , le sentiment indépendantiste gagna davantage du terrain. 


Dans la foulée , cette tentative de suppression des aspirations indépendantistes ne fit qu'alimenter la colère et la résistance. La communauté internationale commença à prêter davantage attention à la situation à Djibouti, et la pression sur la France pour accorder l'indépendance s'accrut. Ainsi, les événements sanglants qui suivirent le référendum de 1967 contribuèrent à polariser davantage la société djiboutienne et à préparer le terrain pour les luttes ultérieures qui aboutiraient finalement à l'indépendance en 1977.



Quant aux  années 1970 , elles sont marquées par une intensification des mouvements pour l’indépendance. En janvier 1973, la visite du président Georges Pompidou se déroule sans incident, lui permettant de réaffirmer la volonté de la France de se maintenir à Djibouti. Cependant, la position française se modifie progressivement. Les abus de l’administration coloniale et la situation régionale influencent ce revirement. En 1975, le maintien de la colonisation française à Djibouti est de plus en plus remis en question. Sans oublier , la prise d’otages du bus scolaire le 27  Février 1976 par des éléments du FLCS ( Sujet d’un prochain article) a qui a été fort relaté par les médias du monde et permettant ainsi à la cause indépendantiste d’avoir une meilleure visibilité internationale. 

En juillet 1976, Ali Aref démissionne, amorçant le mouvement de décolonisation.


Enfin, une table ronde s'ouvre à Paris en février 1977 et se conclut en mars par un accord fixant les étapes de l'accession à l'indépendance. Le référendum du 8 mai 1977 donne une majorité écrasante en faveur de l'indépendance, avec 98,8 % des voix. Le 27 juin 1977, Djibouti devient officiellement une nation indépendante, avec Hassan Gouled Aptidon comme premier président et Ahmed Dini au poste de premier Ministre .



 

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