Le 10 octobre dernier , un sommet marquant s'est tenu à Asmara, Érythrée, marquant un tournant décisif pour la Corne de l'Afrique. Lors de cette rencontre, les présidents somalien Hassan Cheikh Mohamoud, érythréen Issaias Afeworki et égyptien Abdel Fattah al-Sissi ont donné naissance à une alliance tripartite inédite. Cette union vise à répondre aux défis sécuritaires et économiques qui secouent la région, tout en affirmant leur position stratégique.
Cette alliance est perçue comme une réaction directe aux tensions croissantes, particulièrement vis-à-vis de l'Éthiopie, un acteur clé de la région. Les différends frontaliers et les rivalités régionales exacerbées en Éthiopie ont joué un rôle crucial dans le rapprochement de ces trois pays. Un point de friction notable est le mémorandum d'entente signé entre l'Éthiopie et le Somaliland le 1er janvier 2024. Cet accord prévoit l'accès éthiopien à 19 kilomètres de côtes au port stratégique de Berbera en échange de la reconnaissance officielle du Somaliland comme État indépendant, une entité autoproclamée depuis 1991 mais non reconnue par la communauté internationale, y compris par la Somalie.
Ce projet éthiopien a suscité des inquiétudes, notamment en Somalie, qui considère toujours le Somaliland comme faisant partie de son territoire. L'alliance entre la Somalie, l'Érythrée et l'Égypte vise donc à contrer l'influence croissante de l'Éthiopie dans la région et à renforcer la position de leurs pays respectifs dans les négociations régionales.
Cette nouvelle alliance a des répercussions potentielles pour Djibouti. Elle pourrait modifier l'équilibre des pouvoirs dans la région, entraînant une augmentation des tensions et influençant les intérêts économiques et militaires de Djibouti. En outre, Djibouti pourrait devoir redéfinir ses alliances et partenariats pour s'adapter à cette nouvelle dynamique géopolitique.
Or, l’émergence de cette nouvelle coalition tripartite pourrait peut-être avoir des répercussions sur Djibouti. Stratégiquement situé à l'entrée de la mer Rouge, Djibouti est un acteur incontournable dans la géopolitique régionale, abritant plusieurs bases militaires étrangères et contrôlant un des couloirs maritimes les plus fréquentés du monde. Cependant, cette nouvelle alliance pourrait modifier l'équilibre des pouvoirs dans la Corne de l'Afrique, menaçant de marginaliser Djibouti.
Le renforcement des liens entre la Somalie, l'Érythrée et l'Égypte pourrait aussi inciter Djibouti à réévaluer ses relations diplomatiques avec ces pays. Or , la crainte de voir ses intérêts stratégiques et économiques remis en question, notamment avec l'Érythrée, un voisin avec lequel les relations ont historiquement été tendues, pourrait pousser Djibouti à adopter une posture plus prudente sur la scène internationale.
En outre, Djibouti est plus ou moins vulnérable à cette nouvelle configuration régionale en raison de son rôle de hub militaire et économique. La présence de bases militaires étrangères, notamment américaines, françaises, chinoises et japonaises, fait de Djibouti un pôle essentiel pour la sécurité internationale. Toutefois, l'alliance tripartite pourrait influencer les futurs déploiements militaires et accords de défense dans la région, modifiant ainsi les équilibres actuels si cette alliance devenait une entité puissante.
D’un point de vue économique, l'accès privilégié de l'Éthiopie au port de Berbera pourrait concurrencer directement le port de Djibouti, qui assure actuellement la majeure partie des échanges commerciaux de l'Éthiopie. Une telle évolution pourrait avoir des répercussions négatives sur l'économie djiboutienne, en réduisant son monopole sur le transit des marchandises éthiopiennes.
Face à ces changements aléatoires pour le moment , Djibouti pourrait être contraint de réajuster sa politique étrangère et de forger de nouvelles alliances pour maintenir sa position stratégique dans la région. L'une des options pour Djibouti serait de renforcer ses liens avec des acteurs internationaux tels que les États-Unis, la France ou la Chine, qui ont des intérêts militaires et économiques dans le pays. Cependant, le besoin de revoir tout ça ne semble pas être urgent or cette alliance semble être éphémère et sans base solide.
Enfin , cette alliance semble être une coalition de circonstances et ne fera pas long feu. Bref, elle n’aura pas de répercussions quelconques sur Djibouti à la lumière de tous ces éléments.
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