Au cœur de l’Union Africaine, là où se dessinent les grandes orientations du continent, Djibouti avance avec une détermination à la fois discrète et inébranlable. Lors de cette 46ᵉ session ordinaire du Conseil exécutif de l’UA, qui se tient les 12 et 13 février 2025 à Addis-Abeba, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Mahmoud Ali Youssouf, porte non seulement la voix de son pays, mais aussi une ambition plus large : celle d’une Afrique forte, unie et pleinement maîtresse de son destin.
Mais au-delà des protocoles et des tractations diplomatiques habituelles, cette session représente un moment clé pour Djibouti. Son chef de la diplomatie ne vient pas en simple observateur, mais en acteur de premier plan, déterminé à défendre la candidature de son pays à la présidence de la Commission de l’UA. Une bataille feutrée où chaque déclaration compte, chaque geste a son importance et où les jeux d’alliances peuvent à tout moment redistribuer les cartes.
Si Djibouti présente Mahmoud Ali Youssouf comme candidat, ce n’est pas un hasard. Ce pays, souvent perçu comme un carrefour stratégique de la Corne de l’Afrique, est aussi un acteur engagé dans les grandes causes du continent. De la médiation des conflits régionaux à son rôle dans le renforcement des institutions africaines, Djibouti s’est imposé comme un partenaire fiable, dans la continuité de la vision du président Ismaïl Omar Guelleh, figure incontournable de la scène africaine.
À Addis-Abeba, la délégation djiboutienne affiche une unité sans faille. Autour du ministre, on retrouve des diplomates chevronnés : l’ambassadeur Abdi Haibe, représentant permanent auprès de l’UA, Moussa Mohamed Omar, directeur de la Communication du MAECI, et Guelleh Idriss, directeur des Relations multilatérales. Dès demain, l’équipe sera renforcée par Fathia Djama Oudine et Naguib Ali Taher, conseillers du président Guelleh, pour intensifier les efforts de lobbying.
Dans les coulisses du conseil exécutif, les discussions portent sur des enjeux majeurs. Le renouvellement des instances dirigeantes de l’UA, la nomination des commissaires, la composition du Conseil de paix et de sécurité, ainsi que l’adoption de textes juridiques structurants figurent parmi les dossiers prioritaires. La mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est au cœur des négociations, l’Afrique cherchant à parler d’une seule voix sur les questions économiques. Djibouti, fort de sa position géostratégique, entend y jouer un rôle clé.
Sur le plan social, des textes fondamentaux, tels que la Convention pour l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles ou les statuts de l’Agence africaine de sécurité des aliments, sont également en discussion. Autant de dossiers sur lesquels Djibouti, désireux d’affirmer son leadership africain, ne se contente pas de suivre le mouvement, mais veut véritablement peser dans les décisions.
Dans ce contexte, la candidature de Mahmoud Ali Youssouf à la tête de la Commission de l’UA apparaît comme une suite logique de l’engagement de Djibouti pour l’Afrique. Loin d’être une démarche symbolique, elle s’inscrit dans une approche pragmatique : renforcer l’Union africaine pour en faire une organisation plus efficace, plus proche des réalités du continent et mieux armée pour répondre aux crises qui le traversent. Diplomate d’expérience, il plaide pour une réforme en profondeur des institutions africaines, en mettant l’accent sur une gouvernance plus transparente et inclusive. La paix et la sécurité restent au cœur de son projet, convaincu que sans stabilité, toute intégration régionale est vouée à l’échec. Une vision qui résonne d’autant plus dans un contexte où le continent fait face à des défis sécuritaires de plus en plus complexes.
Enfin, si l’élection des commissaires et la définition des priorités stratégiques de l’UA constituent les enjeux immédiats de cette session, une autre échéance se profile déjà : la 38ᵉ session ordinaire de l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement, prévue le 14 février 2025, où se jouera une part importante de l’avenir de l’organisation panafricaine.
D’ici là, Djibouti, fidèle à sa diplomatie proactive, poursuit son chemin. À Addis-Abeba, Mahmoud Ali Youssouf ne se présente pas simplement comme un candidat parmi d’autres. Il incarne une vision, une ambition et une certitude : l’Afrique ne pourra se construire que grâce à ceux qui osent en rêver grand et s’engagent pleinement pour en faire une réalité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire