Le président Guelleh renforce l’implication de Djibouti dans le processus de paix au Soudan du Sud

 

Fidèle à son rôle de médiateur régional, le président Ismaïl Omar Guelleh, également président en exercice de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), a reçu ce mercredi matin, au palais de la République, l’ambassadeur Major-Général George Owinow, président par intérim de la Commission de suivi et d’évaluation reconstituée (RJMEC) de l’IGAD pour le Soudan du Sud.


La rencontre s’inscrit dans un contexte régional toujours marqué par des fragilités politiques et sécuritaires. Membre de l’IGAD depuis sa création, le Soudan du Sud tente depuis l’accord revitalisé de 2018 de refermer la page d’une guerre civile ayant dévasté le pays et fait des centaines de milliers de victimes. Cet accord, qui a abouti à la formation en 2020 d’un gouvernement d’union nationale, reste cependant mis à l’épreuve par des retards dans la mise en œuvre des réformes, la persistance de violences locales et un climat politique parfois tendu.


Au cours de l’entretien, M. Owinow a présenté un rapport détaillé sur l’état d’avancement du processus de paix, soulignant les avancées enregistrées mais aussi les obstacles majeurs : lenteur dans l’intégration des forces armées unifiées, tensions intercommunautaires et insuffisance des ressources pour mener à bien les réformes institutionnelles.



Le président Guelleh, qui a régulièrement mobilisé la diplomatie djiboutienne au service de la stabilité régionale, a partagé sa vision d’une « paix durable » fondée sur trois piliers : un engagement politique total des dirigeants sud-soudanais, un accompagnement soutenu des partenaires régionaux et internationaux, et une accélération du processus de réconciliation nationale. Il a également réaffirmé que l’IGAD, en tant qu’organisation de proximité, a la responsabilité de maintenir la pression diplomatique et d’offrir un cadre de dialogue constructif.


L’audience a réuni, aux côtés du président Guelleh, le ministre djiboutien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulkader Houssein Omar, et la conseillère diplomatique du chef de l’État, Fathia Djama Oudine. L’ambassadeur Owinow était accompagné de son principal conseiller juridique, Stephen Oola.


Pour Djibouti, cette rencontre s’inscrit dans une stratégie plus large : affirmer son rôle de hub diplomatique en Afrique de l’Est et de plateforme de résolution pacifique des conflits. Depuis plusieurs années, le pays met à profit sa position géographique stratégique et sa stabilité interne pour accueillir des négociations régionales, participer aux mécanismes de suivi des accords de paix et offrir un espace neutre aux protagonistes des crises africaines.


Alors que la fenêtre de mise en œuvre complète de l’accord revitalisé se resserre à l’approche des échéances politiques prévues à Juba, la mobilisation de l’IGAD et l’implication personnelle de son président en exercice apparaissent plus que jamais décisives. À travers cette rencontre, Djibouti réaffirme sa conviction : la paix au Soudan du Sud est non seulement une nécessité pour ses citoyens, mais aussi un maillon essentiel de la stabilité et du développement de toute la région.






Info plus : 

Le rôle de l’IGAD dans le dossier sud-soudanais


Le Soudan du Sud, plus jeune État du monde depuis son indépendance en 2011, a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile opposant les forces loyales au président Salva Kiir à celles de son vice-président Riek Machar. Le conflit, marqué par des violences interethniques, a provoqué des centaines de milliers de morts et déplacé plus de quatre millions de personnes.


Face à cette crise, l’IGAD s’est imposée comme le principal cadre de négociation, aboutissant en 2015 à un premier accord de paix, rapidement fragilisé. En 2018, l’Accord revitalisé pour la résolution du conflit au Soudan du Sud (R-ARCSS) a relancé les engagements politiques et fixé un calendrier de transition, supervisé par la Commission de suivi et d’évaluation reconstituée (RJMEC).


La mission de la RJMEC consiste à surveiller et évaluer la mise en œuvre des dispositions de l’accord, notamment l’unification des forces armées, la réforme constitutionnelle, la préparation d’élections libres et la réconciliation nationale. Djibouti, en tant que membre influent de l’IGAD, joue un rôle actif au sein de ce mécanisme, offrant expertise diplomatique et soutien politique pour maintenir le dialogue entre les parties.

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