Accélérer les solutions climatiques mondiales : financer le développement résilient et vert de l’Afrique
Addis-Abeba s’apprête à devenir, du 8 au 10 septembre 2025, le centre névralgique du débat climatique mondial. Le Deuxième Sommet Africain sur le Climat (ACS2), convoqué par l’Union africaine et le gouvernement éthiopien, entend redéfinir le rôle du continent face aux bouleversements climatiques. En amont, des événements pré-sommet (5-7 septembre) donneront voix aux jeunes, aux communautés locales et aux acteurs souvent marginalisés des négociations internationales. C’est une manière d’annoncer la couleur : cette fois, l’Afrique ne sera pas simplement l’arène des impacts climatiques, mais une source de solutions.
L’ACS2 n’est pas une simple conférence technique. Il s’agit d’une plateforme politique et stratégique pour forger une position africaine unifiée avant la COP30. Les enjeux sont clairs : l’Afrique, qui ne contribue que marginalement aux émissions mondiales, en paie le prix le plus lourd. Sécheresses, inondations, migrations climatiques et vulnérabilité des économies font désormais partie du quotidien. Mais le sommet veut dépasser la rhétorique de la victimisation : il s’agit de positionner le continent comme moteur de la transition verte mondiale.
Sous le thème « Accélérer les solutions climatiques mondiales : financer le développement résilient et vert de l’Afrique », le sommet entend lier l’ambition climatique à l’équité en matière de financement. Car le nœud du problème reste le même : comment financer une transformation profonde alors que les dettes publiques étranglent déjà de nombreux États africains ?
Le sommet réunira une diversité d’acteurs rarement rassemblés sur une même scène. Les chefs d’État et de gouvernement porteront une vision politique commune. Les partenaires financiers et institutions internationales seront sollicités pour repenser les mécanismes de financement climatique. Les jeunes, la société civile et les peuples autochtones viendront affirmer une légitimité sociale et proposer des solutions enracinées dans les territoires. Enfin, le secteur privé et les innovateurs seront mis en avant comme moteurs de la transformation technologique et de la croissance verte. Cette pluralité d’acteurs traduit une volonté de sortir du cloisonnement classique entre négociation diplomatique et action concrète.
Au-delà des discours, l’ACS2 ambitionne de catalyser des engagements tangibles. Parmi eux : l’adoption d’une Déclaration d’Addis-Abeba sur le climat, destinée à porter la voix africaine lors de la COP30 ; l’établissement de nouveaux partenariats stratégiques avec le secteur privé et les bailleurs ; et la mise en valeur de solutions africaines, qu’il s’agisse de technologies vertes locales, d’initiatives communautaires ou de savoirs traditionnels adaptés. Le sommet veut ainsi replacer l’Afrique dans une position d’influence, non plus comme continent en attente d’aide, mais comme acteur incontournable des solutions mondiales.
En outre, le choix d’Addis-Abeba n’est pas anodin. Capitale diplomatique de l’Afrique et siège de l’Union africaine, la ville se transforme en point de convergence géopolitique. Elle incarne une Afrique en quête de souveraineté climatique et de poids politique accru sur la scène mondiale. Les organisateurs veulent marquer une rupture avec les sommets précédents, souvent accusés de produire plus de communiqués que de transformations réelles.
In fine, la vision de l’ACS2 s’articule autour de trois axes majeurs : d’abord, unifier la voix africaine afin de peser dans la refonte du système de financement climatique et d’imposer une cohérence continentale face aux enjeux globaux ; ensuite, accélérer l’adaptation et la croissance verte, en misant sur les innovations locales et régionales qui témoignent déjà d’une créativité et d’une résilience exemplaires ; enfin, autonomiser les communautés, en particulier les jeunes et les peuples autochtones, pour que la transition climatique ne soit pas un projet imposé d’en haut, mais une construction collective portée par les sociétés elles-mêmes. Cette stratégie vise à transformer la perception du continent : non plus comme simple victime vulnérable, mais comme laboratoire mondial de solutions d’avenir.
Enfin, Le deuxième sommet africain sur le Climat n’est pas seulement une étape vers la COP30 : il est pensé comme un moment de bascule. Addis-Abeba doit devenir l’espace où l’Afrique affirme sa souveraineté climatique, où les promesses de financement se traduisent en investissements concrets, et où la voix du continent cesse d’être périphérique pour devenir centrale.
Car l’enjeu dépasse l’Afrique : il s’agit de rappeler que la transition climatique mondiale ne se fera pas sans le continent africain : ni contre lui, ni à sa place, mais avec lui, comme acteur à part entière.
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