Tadjourah, la veille. La mer, habituellement impassible, semblait suspendre son souffle. Sur le quai, une foule compacte s’était rassemblée, impatiente d’assister à un événement qui marquera un tournant dans l’histoire maritime de Djibouti. Drapé de ses couleurs éclatantes, le tout nouveau ferry, baptisé « Mohamed Ali Gadileh », s’apprêtait à prendre la mer pour son voyage inaugural.
Parmi les invités de marque, le Premier ministre, Son Excellence Abdoulkader Kamil Mohamed, était présent, entouré d’une délégation prestigieuse. Ministres, élus locaux, figures influentes de Tadjourah… Tous avaient fait le déplacement pour saluer l’arrivée de ce colosse des mers, symbole d’un engagement tenu : celui de renforcer la connexion entre les régions du nord et le reste du pays.
« Ce ferry représente bien plus qu’un simple mode de transport. Il est un véritable lien entre nos territoires, un moteur pour notre unité nationale et un levier essentiel pour notre économie », a affirmé le premier ministre , sa voix portée par la brise marine. Avec ses 50 mètres de long et une vitesse pouvant atteindre 12 nœuds, le « Mohamed Ali Gadileh » ne se limite pas à être un simple navire moderne. Il répond à une demande croissante de mobilité pour des milliers d’usagers qui, chaque jour, traversent le golfe de Tadjourah. Jusqu’à présent, les liaisons maritimes, bien qu’opérationnelles, souffraient de capacités limitées. Ce nouveau ferry vient fluidifier le trafic, raccourcir les temps de trajet et, surtout, renforcer la sécurité des traversées.
Pour les habitants de Tadjourah et ceux d’Obock , cette ligne maritime est une véritable bouée de sauvetage. « Ce ferry va changer notre quotidien. Il nous aidera à expédier nos marchandises plus rapidement, à accéder plus facilement aux soins médicaux et à de nouvelles opportunités économiques », témoigne Ali, un commerçant local.
Le choix du nom « Mohamed Ali Gadileh » n’est pas anodin. Il rend hommage à une figure emblématique des chefferies coutumières de Tadjourah, incarnation de sagesse et de transmission. En gravant son nom sur la proue de ce navire, Djibouti inscrit son développement dans son héritage tout en se tournant vers l’avenir avec ambition et modernité.
Fruit d’un partenariat avec le Japon, ce ferry s’intègre dans une vision plus large de modernisation des infrastructures nationales. Après le « Mohamed Bourhan Kassim », mis en service il y a plus de dix ans, ce nouvel ajout à la flotte djiboutienne témoigne d’une volonté affirmée : exploiter pleinement le potentiel maritime du pays pour en faire un moteur de développement durable.
Alors que le soleil amorçait sa descente, enveloppant le port de Tadjourah d’une lumière dorée, les moteurs du ferry vrombissaient doucement. La passerelle se releva, les amarres se détachèrent. Dans un sillage d’écume, le « Mohamed Ali Gadileh » s’élança, sous les acclamations enthousiastes de la foule.
Un nouvel élan pour Djibouti venait de prendre le large.