Sous les projecteurs diplomatiques de Changsha, au cœur de la province chinoise du Hunan, la voix de Djibouti a résonné avec force et clarté. Du 1er au 13 juin, la ville accueillait la Réunion ministérielle des coordinateurs chargés du suivi des engagements du Forum sur la Coopération sino-africaine (FOCAC). À cette occasion, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, M. Abdoulkader Houssein Omar, a conduit la délégation djiboutienne avec une conviction stratégique affirmée.
Un cap africain dans le partenariat sino-africain
Co-présidée par le chef de la diplomatie chinoise, M. Wang Yi, et son homologue congolais, M. Jean-Claude Gakosso, cette session a été marquée par une double portée : celle de l’évaluation des progrès réalisés depuis le Sommet de Beijing de 2024, et celle d’un anniversaire symbolique ; les 25 ans du FOCAC, devenu en un quart de siècle un pilier de la diplomatie économique Sud-Sud.
Centrée sur la mise en œuvre du Plan d’action 2025-2027, la réunion a permis aux ministres africains et chinois d’échanger sur l’actualisation du cadre stratégique du partenariat. Il ne s’agissait pas uniquement de dresser un bilan technique, mais bien de projeter une vision géopolitique renouvelée dans un monde en recomposition.
Dans son allocution remarquée, le ministre Abdoulkader Houssein Omar a salué la constance de l’engagement chinois en faveur du développement du continent africain, et plus encore, la transformation qualitative du partenariat. « La Chine ne traite pas l’Afrique comme un marché, mais comme une alliée stratégique », a-t-il affirmé, soulignant l’évolution du regard porté sur le continent.
Positionnant Djibouti comme point d’ancrage des nouvelles routes numériques et logistiques, il a plaidé pour un élargissement de la coopération bilatérale à des secteurs-clés : connectivité interrégionale, cybersécurité, technologies vertes, gestion durable des ressources. « Notre ambition est de faire de Djibouti un carrefour entre Afrique, Asie et Moyen-Orient, au service d’un multilatéralisme renouvelé », a-t-il précisé.
En marge des travaux, la rencontre bilatérale entre M. Abdoulkader Houssein Omar et M. Wang Yi a permis de passer en revue plusieurs dossiers sensibles : soutien actif à la présidence djiboutienne de l’IGAD, coopération dans les forums multilatéraux, mais aussi positionnement commun sur les crises internationales.
Sur le conflit à Gaza, le ministre djiboutien n’a pas mâché ses mots : « Ce qui se passe est un génocide. L’Histoire jugera. Il est impératif de mettre fin aux souffrances des civils. » Il a appelé à un cessez-le-feu immédiat et à l’établissement d’un corridor humanitaire permanent. M. Wang Yi, en écho, a dénoncé les « doubles standards » qui fragilisent la légitimité du droit international.
Convergence africaine à Changsha
Au fil des entretiens bilatéraux, notamment avec la ministre malgache des Affaires étrangères, Mme Rasata Rafaravavitafika, et son homologue sud-soudanais, M. Monday Simaya Kum, M. Abdoulkader Houssein Omar a poursuivi une démarche d’alignement africain sur des priorités concertées : intégration régionale, sécurité collective, valorisation des chaînes de valeur africaines.
Le point d’orgue de cette intense séquence diplomatique a été l’adoption de la Déclaration de Changsha, un texte structurant qui trace les contours du partenariat sino-africain pour les années à venir, autour de trois piliers : paix durable, développement endogène et gouvernance partagée.
Aux côtés du ministre, une équipe aguerrie a porté les couleurs de Djibouti dans les négociations : l’ambassadeur M. Abdallah Abdillahi Miguil, le conseiller principal du ministre M. Mohamed Idriss Farah, le sous-directeur de la Coopération internationale M. Mohamed Robleh Abdallah, le premier conseiller de l’ambassade M. Omar Idriss Farah, ainsi que M. Abdourazak Djama Ahmed, conseiller à la Direction du Protocole d’État.
À Changsha, Djibouti n’a pas seulement participé. Elle a proposé, dialogué, affirmé. Une diplomatie en mouvement, au service d’un État stratégiquement placé à la croisée des mondes, et désormais pleinement engagé dans la construction d’un nouvel équilibre global.
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