Dans un climat empreint de solennité et de reconnaissance mutuelle, la salle de réunion de la Mairie de Djibouti a été le théâtre, ce mardi 24 juin, d’un échange institutionnel à haute portée symbolique. Le Maire de la capitale y a rencontré les assesseurs, sages et okals de plusieurs quartiers, véritables piliers de la régulation sociale et du vivre-ensemble à l’échelle communautaire.
Aux côtés du Secrétaire général de la Mairie, du greffier du tribunal coutumier et de cadres de l’administration municipale, le Maire a présidé cette réunion qu’il a qualifiée de « fraternelle, utile et enracinée dans nos traditions républicaines ». À travers cette initiative, la Mairie entend consolider un maillage social souvent discret, mais d’une redoutable efficacité, qui veille quotidiennement à la stabilité des quartiers.
Dès l’ouverture de la séance, le Maire a salué avec émotion le rôle central joué par les assesseurs dans la prévention des conflits, la médiation de proximité et la transmission des valeurs républicaines. « Ce sont eux qui incarnent la sagesse de notre société. Je suis moi-même le fruit de leurs conseils et de leur vigilance », a-t-il confié avec gravité, en rendant hommage à leur contribution silencieuse mais essentielle à la paix sociale.
Le Maire a également inscrit cette rencontre dans la droite ligne de la vision du Président de la République, Son Excellence Ismaïl Omar Guelleh, « dont la gouvernance prône l’ancrage local, le respect des coutumes et le rejet du tribalisme comme vecteur de division ». Il a exhorté les assesseurs à demeurer les « sentinelles du patriotisme » auprès des jeunes générations, en ravivant les valeurs de solidarité, de civisme et d’unité nationale.
Du côté des participants, la parole a été libre, digne et sans détour. Un porte-parole des assesseurs a pris la parole pour remercier les autorités et faire part de deux préoccupations majeures : l’absence de réunions régulières de concertation et, plus criant encore, le blocage des salaires dus aux assesseurs depuis plus de six mois.
Ce point sensible a suscité une réponse directe du Maire, qui s’est voulu transparent. Il a précisé que les feuilles de paie étaient bel et bien signées mensuellement par ses soins, mais que le blocage se situait à l’échelon ministériel. « Vous êtes des agents de l’État au service de la paix sociale. Il est inconcevable que vous soyez marginalisés », a-t-il martelé, promettant d’intervenir personnellement auprès des ministères de l’Intérieur et du Budget afin d’obtenir la levée du blocage.
Loin d’être un simple échange protocolaire, cette rencontre s’inscrit dans une stratégie plus large de gouvernance de proximité voulue par l’équipe municipale actuelle. Elle vise à revaloriser les mécanismes coutumiers de médiation dans une logique complémentaire au droit positif, en intégrant les acteurs communautaires dans le processus décisionnel local.
Les assesseurs, figures tutélaires dans les quartiers, agissent à la croisée du droit, de la tradition et de la morale collective. Ils sont souvent les premiers interlocuteurs en cas de litige familial, de différend de voisinage ou de déséquilibre communautaire. En leur ouvrant les portes de l’institution, la Mairie leur offre une légitimité renforcée et réaffirme leur utilité sociale dans un environnement urbain en constante mutation.
En perspective , ce type de rencontre, à la fois enracinée dans le réel et tournée vers l’avenir, pourrait bien servir de modèle à d’autres collectivités locales du pays. Il ne s’agit pas uniquement de consultation formelle, mais d’un acte politique fort : celui de faire place, au cœur de la République, à la parole des anciens, des médiateurs et des sages.
En conjuguant modernité administrative et héritage coutumier, la Mairie de Djibouti assume pleinement son rôle d’articulation entre les institutions et les réalités du terrain. Un pari audacieux, mais essentiel, pour bâtir une ville à l’écoute de ses habitants, réconciliée avec ses racines, et résolument tournée vers un futur inclusif.
Ainsi, la séance s’est achevée sur des invocations religieuses, prononcées par les sages présents, en signe de clôture spirituelle de ce moment de dialogue franc et d’écoute réciproque. Le silence recueilli qui s’en est suivi témoignait d’un consensus : celui d’une gouvernance partagée, où chacun, du plus haut fonctionnaire au plus discret des assesseurs, a sa place dans la construction d’une cité apaisée.
Enfin de compte , cette réunion du 24 juin 2025 restera, sans conteste, un jalon fort dans la consolidation d’une gouvernance de proximité, réconciliant modernité institutionnelle et sagesse ancestrale. Une ville, donc, qui avance sans oublier ses fondations.
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