lundi 23 juin 2025

Djibouti plaide pour un multilatéralisme rénové, fidèle à la Charte fondatrice de l’ONU

 Le Président Ismail Omar Guelleh a, ce lundi, prêté sa voix à la commémoration du 80e anniversaire des Nations Unies, lors d’une cérémonie tenue par visioconférence. Dans une déclaration dense et calibrée, diffusée à la tribune de cet évènement planétaire, le Chef de l’État djiboutien a réaffirmé l’attachement profond de son pays à la centralité de l’ONU dans l’architecture du monde contemporain. Plus qu’un hommage, c’est un plaidoyer lucide en faveur d’un multilatéralisme rénové, mais fidèle à l’esprit originel de la Charte de San Francisco.

S.E.M Ismail Omar Guelleh, president de la République 


« Aujourd’hui, plusieurs décennies après son adoption, la Charte des Nations Unies continue de régir notre monde », a déclaré le Président Guelleh, rappelant que le texte fondateur, loin d’être dépassé, conserve toute sa pertinence pour répondre aux défis de notre temps : paix, sécurité, climat, pauvreté, menaces émergentes. Cette déclaration s’inscrit dans une ligne constante de la diplomatie djiboutienne : défendre le droit international, favoriser les règles collectives, et promouvoir un ordre mondial inclusif.


Une organisation en quête de réinvention


Le Président Guelleh n’a pas esquivé les critiques ni les défis internes que traverse le système onusien. Il a salué les efforts continus de réforme menés sous la houlette du Secrétaire général António Guterres, soulignant la transition vers un « multilatéralisme en réseau ». Une dynamique qui, selon lui, tente de rapprocher les Nations Unies des autres piliers du système global : institutions financières, organisations régionales, blocs économiques.

« L’Organisation a cherché à se réformer en permanence », a-t-il reconnu, tout en appelant à une vigilance accrue face aux dérives potentielles de cette mutation. En ligne de mire : les réductions budgétaires, les suppressions de postes et les conflits de compétences qui pourraient, à terme, altérer l’essence même de l’ONU. « Les efforts actuels visant à réduire les coûts de fonctionnement et à éliminer le gaspillage ne doivent cependant pas diminuer notre ambition d’accroître l’efficacité et la légitimité de notre Organisation », a averti le Chef de l’État.


En effet, cette mise en garde revêt une dimension stratégique : alors que le monde s’enfonce dans un paysage international plus fragmenté, la question n’est plus tant de savoir si les Nations Unies doivent changer, mais comment préserver leur âme tout en les adaptant à l’époque.


Dans son intervention, le Président Guelleh a tenu à replacer l’Afrique au cœur du dispositif onusien. Un continent qui, selon ses termes, a adopté l’ONU « comme un bien commun mondial ». Le choix des mots n’est pas anodin. Il illustre une vision selon laquelle les États africains, loin d’être de simples bénéficiaires des actions onusiennes, sont des co-constructeurs de la légitimité globale de l’Organisation.


La stabilité régionale, les droits de l’Homme, la protection de l’environnement : autant de chantiers où l’Afrique s’investit avec vigueur et qui, selon Djibouti, justifient une représentativité accrue du continent dans les sphères décisionnelles. Cette position est constante dans les prises de parole djiboutiennes aux Nations Unies, que ce soit au Conseil des droits de l’Homme à Genève ou à l’Assemblée générale à New York.


Un message aligné avec la doctrine diplomatique djiboutienne


Dans cet esprit, le Président Guelleh a réitéré un appel à « une plus grande collaboration des nations du monde » pour doter l’Organisation d’une capacité d’action renforcée, au service de tousles États membres, « grands et petits ». Une allusion claire au besoin d’équité, de parité et de respect des souverainetés dans la gouvernance mondiale.


Ce discours présidentiel n’est pas une simple réponse protocolaire à une célébration. Il reflète la doctrine diplomatique de Djibouti, qui, depuis plusieurs années, se positionne comme une voix pondérée, constructive et active sur la scène internationale. Membre respecté de la Corne de l’Afrique, siège de multiples bases militaires internationales, hôte de forums de paix et de conférences régionales, Djibouti connaît mieux que quiconque la valeur des mécanismes multilatéraux pour désamorcer les tensions, stabiliser les zones sensibles et promouvoir la coopération.


En réaffirmant son attachement à la Charte, le Président Guelleh place Djibouti dans la continuité d’une ligne qui allie fidélité aux principes fondateurs de l’ONU et pragmatisme face aux réalités changeantes du monde. Une manière aussi de dire que la réforme est nécessaire, mais qu’elle ne doit pas sacrifier ce que l’ONU a de plus précieux : sa capacité à incarner un idéal commun de paix, de justice et de solidarité.


Enfin , à l’occasion de ce 80e anniversaire, Djibouti ne célèbre pas une organisation figée, mais une institution vivante qu’il faut protéger, moderniser et surtout faire mieux fonctionner. Le message est clair : la Charte des Nations Unies n’est pas un vestige. Elle est, pour Djibouti et pour bien d’autres, une boussole dans un monde en recomposition.



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