lundi 21 avril 2025

Au CERD, le théâtre somali renaît sous la plume d’une chercheuse

 Ce dimanche matin, le Centre d’Étude et de Recherche de Djibouti (CERD) a vibré au rythme d’une cérémonie culturelle marquante : le lancement officiel de la publication de trois pièces classiques du théâtre somali, transcrites et traduites par la chercheuse Fatouma Mahamoud Hadji Ali. Un événement qui célèbre à la fois la richesse du patrimoine oral somali et le travail minutieux d’une universitaire passionnée.  



Dès 9h30, sous les regards émus d’un public composé d’intellectuels, d’artistes et d’amoureux de la culture, la cérémonie s’est ouverte avec les allocutions des autorités. La ministre de la Jeunesse et de la Culture, Dr Hibo Moumin Assoweh, a salué le « travail titanesque » de Dr Fatouma, soulignant l’importance de préserver ce patrimoine menacé par l’oubli. « Dans nos traditions nomades, le théâtre et la poésie ne sont pas de simples divertissements, mais les gardiens de notre mémoire collective », a-t-elle déclaré, rappelant la dimension profondément sociale de ces arts.  


Le ministre de l’Enseignement supérieur, Dr Nabil Mohamed Ahmed, a ensuite pris la parole, mettant en avant la portée éducative de cette publication. « Ces textes, désormais accessibles aux élèves et étudiants, sont un pont entre les générations », a-t-il affirmé, tout en soulignant les thèmes universels qu’ils abordent : la condition féminine, l’identité culturelle et les défis de la modernité.  

Au cœur de l’événement, l’intervention de Dr Fatouma Mahamoud Hadji Ali a captivé l’assistance. Avec humilité et ferveur, elle a rendu hommage à deux figures emblématiques du théâtre somali, Hassan Elmi Dirié et Ibrahim Souleiman « Gadhle », dont les œuvres, mêlant humour et profondeur, ont marqué des décennies de création artistique. « Ces pièces ne sont pas de vieux textes poussiéreux, mais des miroirs de notre société, toujours d’actualité », a-t-elle expliqué.  


Son travail ne se limite pas à une simple traduction : il restitue la musicalité de la langue somalie, conçue pour être chantée, jouée et transmise. « Mon rêve est que ces pièces reviennent sur scène, portées par la jeunesse, en somali et en français », a-t-elle confié, un vœu qui semble déjà en voie de réalisation.  En effet, la ministre de la Culture a annoncé que la troupe Jeunes Talents répétait actuellement Le Pari des Trois ( Sadex baa isku faantay ) , une pièce philosophique où passé et présent s’entrelacent. Une manière de redonner vie à ces textes, non comme des reliques, mais comme des œuvres vivantes.  


 Après les discours, la cérémonie s’est poursuivie par une séance de dédicaces chaleureuse, où chercheurs, artistes et étudiants ont échangé avec Dr Fatouma, partageant souvenirs et projets. Autour d’un café, les conversations ont témoigné d’une fierté collective : celle de voir une partie de l’héritage culturel somali sauvé de l’oubli.  



Ce matin-là, au CERD, les mots anciens ont retrouvé une nouvelle jeunesse. Entre les pages des livres fraîchement imprimés, dans les murmures des vers restitués, c’est toute une tradition qui se réveille, prête à inspirer les générations futures.  



Une soirée en hommage à Oum Kalthoum scelle l’amitié culturelle entre Djibouti et l’Égypte

 À l’issue d’un concert exceptionnel célébrant l’héritage intemporel d’Oum Kalthoum, la troupe égyptienne a été reçue ce dimanche par la ministre djiboutienne de la Jeunesse et de la Culture, Dr Hibo Moumin Assoweh, marquant ainsi une nouvelle étape dans le renforcement des liens artistiques entre les deux nations.  



La rencontre, empreinte de cordialité et d’ambitions communes, s’est tenue en présence de l’ambassadeur d’Égypte à Djibouti, M. Khaled Elshazly, ainsi que des musiciens et responsables culturels égyptiens. La ministre, visiblement émue par la performance de la veille ( qualifiée d’« astrale » ) , a salué la magie d’une musique capable de transcender les frontières et d’unir les peuples.  


La soirée musicale, organisée dans un lieu emblématique de Djibouti, a vu résonner les mélodies intemporelles de la légendaire Oum Kalthoum, interprétées avec une maîtrise qui a captivé l’auditoire. « Ce concert restera gravé dans les mémoires comme un moment de grâce et de partage », a déclaré l’ambassadeur Elshazly, soulignant l’engouement du public djiboutien pour la musique arabe classique.  

S.E  Hibo Moumin Assoweh a pour sa part souligné l’importance de tels échanges pour l’enrichissement mutuel des cultures. « La musique d’Oum Kalthoum est un patrimoine universel, et sa réinterprétation par des artistes égyptiens talentueux nous rappelle combien l’art peut être un pont entre nos civilisations », a-t-elle affirmé.  


Les discussions ont également porté sur des projets concrets visant à approfondir la coopération culturelle entre Djibouti et l’Égypte. Parmi les pistes évoquées : la signature prochaine d’un accord bilatéral, l’accueil d’une troupe théâtrale égyptienne à Djibouti, et la mise en place de programmes de formation pour les jeunes artistes djiboutiens dans les institutions égyptiennes.  


« Nous croyons fermement que la jeunesse djiboutienne a beaucoup à gagner d’une immersion dans le riche terreau culturel égyptien », a indiqué la ministre, évoquant des perspectives d’échanges éducatifs et artistiques.  



Cette rencontre s’inscrit dans une dynamique plus large de rapprochement entre les pays africains et arabes, où la culture sert de levier à la diplomatie et à la compréhension mutuelle. Comme l’a rappelé la ministre Hibo Moumin Assoweh : « Quand les notes de musique s’élèvent, les différences s’effacent, et il ne reste que l’émotion partagée. »  


Une émotion qui, à en juger par le succès de ce concert et les promesses de collaboration futures, ne manquera pas de se répéter prochainement.  


Djibouti à la 5ᵉ Réunion du Comité de Pilotage Régional du projet DRESS-EA à Tunis

 Le Secrétaire Général du Ministère de l’Agriculture, de l’Eau, de la Pêche et de l’Élevage chargé des Ressources Halieutiques, M. Ibrahim Elmi, représentant le ministre S.E. Mohamed Ahmed Awaleh , participe du 21 au 26 Avril à Tunis à la 5 Réunion du Comité de Pilotage Régional du projet DRESS-EA( Renforcement de la Résilience face à la Sécheresse pour les Petits Exploitants Agricoles et les Pasteurs dans la région de l’IGAD)

 


Organisée au Verdi Beach Resort ,cette rencontre a rassemblé des acteurs clés du projet, dont M. Nabil Ben Khatra, Secrétaire Exécutif de l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS), le Directeur du Centre des Recherches Hydrauliques du Soudan, ainsi que la Directrice du Département Climat de l’OSS, aux côtés de nombreux participants issus des pays bénéficiaires et des institutions partenaires.  


 

L’objectif de cette réunion était de dresser un état des lieux de l’avancement du projet dans les quatre pays bénéficiaires (Djibouti, Kenya, Soudan, Ouganda), d’identifier les défis rencontrés et de définir un plan d’action opérationnel pour les prochaines étapes.  


Dans son allocution, M. Ibrahim Elmi a salué l’accueil chaleureux des autorités tunisiennes et la qualité de l’organisation, tout en soulignant l’importance cruciale de ce projet dans un contexte régional marqué par les effets dévastateurs du changement climatique.  

«La région de l’IGAD, et plus particulièrement la République de Djibouti, subissent de plein fouet les conséquences des sécheresses et des inondations récurrentes. Il est urgent d’agir avec coordination et efficacité », a-t-il déclaré.  


Le Secrétaire Général a insisté sur la nécessité de solutions innovantes notamment à travers les systèmes d’alerte précoce et des actions concrètes d’adaptation, pour limiter les impacts des sécheresses sur les ressources naturelles, les cheptels et la sécurité alimentaire.  

Il a également rappelé que les réponses aux défis climatiques doivent s’inscrire dans une démarche collective et transfrontalière ,en misant sur la coopération régionale et la co-construction de solutions durables. 


Le CPR du projet DRESS-EA constitue l’organe stratégique chargé de superviser la mise en œuvre de ce programme régional. Composé des représentants des pays bénéficiaires, de l’OSS et du Global Water Partnership (GWP), il assure le suivi des progrès, propose des solutions aux obstacles rencontrés et garantit une réponse coordonnée face aux enjeux climatiques.  


Le projet DRESS-EA se concentre sur :  

- La mise en place de systèmes d’alerte précoce à la sécheresse, 

- Le développement d’actions d’adaptation innovantes,

- Le renforcement des capacités des acteurs locaux.  



En clôture, M. Ibrahim Elmi a exprimé sa gratitude au Secrétariat Exécutif de l’IGAD, à la Direction du Département Climat de l’OSS, ainsi qu’à tous les participants pour leur engagement en faveur d’une résilience accrue des communautés rurales face aux défis climatiques.  


 

samedi 19 avril 2025

Lancement officiel du tournoi Inter-localité et culturel

«Le Sport en héritage, la culture en mouvement»


Le complexe sportif de Tadjourah a vibré hier aux rythmes du sport et de la culture, à l’occasion du lancement officiel du tournoi Inter-localité et culturel  , une initiative du Secrétariat d’État chargé des Sports. Placé sous le thème «  Le Sport en héritage, la culture en mouvement », cet événement inédit ambitionne de renforcer la cohésion sociale, de promouvoir les valeurs sportives et de célébrer la diversité culturelle du pays.  



En présence d’autorités locales, de représentants institutionnels et de figures emblématiques de la région, la cérémonie d’ouverture a marqué le coup d’envoi d’un tournoi qui promet d’allier performances sportives et expressions culturelles. Parmi les personnalités figuraient notamment :  

- M. Hassan Mohamed Kamil , Secrétaire d’État chargé des Sports,  

- M. Omar Houssein Omar , Président du Conseil Régional de Tadjourah,  

- M. Habib Djilani Bourhan, Préfet adjoint de Tadjourah,  

- Mme Khadiga Ibrahim Idriss , Secrétaire Générale des Sports,  

- M. Omar Hassan Abdillahi, Directeur des Régions,  

- Mme Hasna Ali Hassan , Présidente de l’Association des Femmes de Tadjourah,  

- M. Nouho Mohamed Daoud, Doyen et sage respecté de la région.  


Dans son allocution, M. Hassan Mohamed Kamil a souligné l’importance de ce tournoi comme vecteur de paix, d’unité et d’excellence, en phase avec la Politique Générale du Chef de l’État, Son Excellence Ismaël Omar Guelleh . « À travers chaque discipline sportive, chaque manifestation culturelle, ce sont nos valeurs de respect et de vivre-ensemble qui s’expriment. Il est de notre devoir de créer les conditions favorables à leur épanouissement pour tous »,  a-t-il déclaré.  


Ce tournoi se veut bien plus qu’une compétition : c’est une plateforme de partage et de valorisation des talents locaux , où jeunes sportifs, artistes et communautés se rencontrent pour écrire une nouvelle page de fraternité. Le Secrétaire d’État a d’ailleurs salué l’engagement des acteurs de terrain ( encadreurs, bénévoles, partenaires ) qui œuvrent quotidiennement pour animer la vie sportive et culturelle du pays. «  Votre passion est une richesse. Ensemble, bâtissons une nation plus forte et fière de son identité », a-t-il conclu.  

Pendant plusieurs jours, les participants s’affronteront dans diverses disciplines sportives, tandis que des spectacles traditionnels, des expositions artisanales et des animations musicales mettront à l’honneur le patrimoine culturel des localités représentées. Une occasion unique de renforcer les liens intercommunautaires et de faire rayonner l’esprit d’équipe.  



Enfin , ce tournoi s’inscrit dans une dynamique plus large de développement par le sport et la culture , deux piliers essentiels pour une jeunesse épanouie et une société harmonieuse.  



Une nation en mouvement, un héritage partagé.

Djibouti Télécom, le catalyseur de la mutation numérique africaine

 À l'ère de l'évolution numérique rapide, l'Afrique s'impose comme un acteur incontournable dans le paysage mondial des télécommunications. Au cœur de cette transformation se trouve Djibouti Télécom, l'opérateur national qui tire parti de sa position géographique et technologique stratégique pour connecter les continents et façonner l'avenir de la connectivité.  



Dans un entretien exclusif accordé au magazine African Business , M. Mohamed Assoweh Bouh, Directeur Général de Djibouti Télécom, a dévoilé la feuille de route ambitieuse de l'entreprise pour passer d'un service public traditionnel à un acteur dynamique et compétitif sur le marché.  

“Nous ne sommes plus simplement un fournisseur de services, mais un catalyseur stratégique du futur numérique de l'Afrique" , a déclaré M. Mohamed Assoweh Bouh. “Notre mission est de nous aligner sur les tendances mondiales tout en répondant aux besoins croissants des marchés locaux et internationaux."


Les piliers clés de la stratégie de Djibouti Télécom s'articulent autour de quatre axes majeurs.Premièrement, le développement d'infrastructures préparées pour l'avenir, constitue une priorité absolue. L'opérateur investit massivement dans des câbles sous-marins de nouvelle génération, des réseaux de fibre optique terrestres performants et des centres de données modernes. Ces investissements stratégiques visent à garantir à la fois l'évolutivité des réseaux et leur résilience face aux défis technologiques futurs.  

Deuxièmement, la modernisation institutionnelle représente un chantier fondamental. Djibouti Télécom entreprend une refonte complète de ses structures de gouvernance et de ses processus opérationnels. Cette transformation interne a pour objectif d'améliorer significativement l'efficacité organisationnelle et l'agilité décisionnelle, essentiels dans un secteur en constante évolution.  

L'expansion régionale forme le troisième pilier stratégique. L'entreprise renforce activement les interconnexions transfrontalières par des projets d'envergure. Ces initiatives visent à consolider la position de Djibouti comme plaque tournante incontournable des télécommunications en Afrique, connectant le continent aux grands courants d'échanges numériques mondiaux.  

Enfin, l'inclusion numérique constitue un engagement sociétal majeur. Djibouti Télécom œuvre à élargir l'accès à un internet haut débit et mobile à des tarifs abordables. Cette politique répond aux besoins croissants des entreprises locales tout en favorisant l'insertion numérique des communautés, facteur clé de développement économique et social.  

Cette stratégie quadripartite positionne Djibouti Télécom comme un acteur central de la transformation digitale en Afrique, alliant performance technologique et impact sociétal.


Situé à la croisée de l'Afrique, du Moyen-Orient et de l'Asie, notre pays est devenu un nœud critique dans les flux mondiaux de données. Avec trois stations d'atterrissage de câbles et dix systèmes de câbles sous-marins opérationnels dont  2Africa, SEA-ME-WE 6 et PEACE , le pays permet une transmission de données sécurisée et à haut débit, alimentant des innovations allant du cloud computing à l'IA et à la fintech. 

La collaboration reste au cœur de l'approche de Djibouti Télécom. L'Initiative Horizon Fiber , un partenariat avec Ethio Telecom et Sudatel , illustre son engagement en faveur de la connectivité panafricaine et de la résilience des infrastructures.  


Face à l'accélération fulgurante des innovations technologiques, Djibouti Télécom a défini des priorités stratégiques pour rester à la pointe du secteur. L'opérateur place l'amélioration de l'expérience client au cœur de ses préoccupations, en déployant des services haut débit d'une fiabilité optimale pour répondre aux exigences croissantes des utilisateurs.  

Parallèlement, la sécurisation des réseaux constitue un enjeu majeur, avec l'implémentation de systèmes redondants permettant d'anticiper et de prévenir toute perturbation potentielle, garantissant ainsi une continuité de service ininterrompue.  

La formation d'alliances stratégiques avec les principaux fournisseurs de solutions cloud et distributeurs de contenus permet à l'entreprise d'élargir son offre et d'enrichir son écosystème numérique. Ces partenariats clés renforcent sa position sur le marché tout en offrant des services plus complets à ses clients.  

Enfin, l'adoption des technologies de pointe comme l'intelligence artificielle, l'Internet des Objets (IoT) et l'informatique en périphérie (edge computing) témoigne de la volonté de Djibouti Télécom de soutenir le développement d'applications de nouvelle génération, essentielles à la transformation digitale des entreprises et des administrations.  

“Nous ne nous contentons pas de nous adapter au changement—nous le façonnons" , a souligné M. Bouh, Directeur Général de Djibouti Télécom. “Par cette approche proactive, nous œuvrons à faire de l'économie numérique djiboutienne un modèle d'excellence pour toute la région." Cette vision ambitieuse positionne l'opérateur comme un acteur clé de la révolution numérique en Afrique.


 Grâce à ses réformes audacieuses et ses investissements visionnaires, Djibouti Télécom s’impose comme le catalyseur de l’ascension numérique de l’Afrique. Dans un monde où la connectivité devient le sang vital des économies modernes, l’opérateur national transforme Djibouti en un phare d’innovation, rayonnant bien au-delà des frontières régionales.  



Enfin , cette réussite incarne avec éclat la vision stratégique du Président de la République, Son Excellence Ismail Omar Guelleh, dont le leadership éclairé a su faire de la création de cette société nationale un pari gagnant. Une ambition concrétisée, une feuille de route accomplie, une nouvelle preuve que lorsque la vision rencontre la détermination, l’Afrique écrit son propre destin numérique.

“Djibouti Télécom : Plus qu’un réseau, une révolution."



vendredi 18 avril 2025

Djibouti participe activement à la réécriture de l’histoire coloniale lors de l’exposition "Mission Dakar-Djibouti [1931-1933] : Contre-enquêtes" au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac

  S.E M Ayeid Mousseid Yahya, Ambassadeur de la République de Djibouti en France, a pris part à la cérémonie d’ouverture de l’exposition « Mission Dakar–Djibouti [1931–1933] : Contre‑enquêtes », qui se tient au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac du 15 avril au 14 septembre 2025.

Madame Hasna Houmed Gaba du Ministère de la Jeunesse et de la Culture , avait participé à la contre-enquête en amont pour la partie djiboutienne . elle a contribué  à la reconnaissance et à la contextualisation des artefacts djiboutiens, bien qu’elle n’ait pu être présente le jour de l’inauguration.



Djibouti s’inscrit pleinement dans cette contre-enquête muséale, aux côtés d’autres pays concernés par la mission historique : Sénégal, Bénin, Niger, Mali, Cameroun, Tchad, République centrafricaine, Éthiopie. Plusieurs objets patrimoniaux djiboutiens, désormais re-identifiés, ont été intégrés à l’exposition, participant à une relecture critique et partagée de l’histoire coloniale.


Cette exposition, qui se tiendra jusqu’au 14 septembre 2025, propose une relecture critique de l’une des plus vastes missions ethnographiques françaises du XXᵉ siècle, dirigée par Marcel Griaule. Entre 1931 et 1933, cette expédition traversa l’Afrique de Dakar à Djibouti, collectant plus de 3 500 objets ( aujourd’hui conservés dans les musées français ) , mais dont les conditions d’acquisition restent controversées.  

  L’exposition s’inscrit dans une démarche inédite de transparence et de dialogue avec les nations africaines concernées. Pour la première fois, des chercheurs et commissaires d’exposition originaires du Mali, du Bénin, de l’Éthiopie et de Djibouti ont collaboré avec le Musée du Quai Branly pour examiner les conditions réelles de collecte de ces artefacts :  

- Ont-ils été achetés, volés ou extorqués sous la contrainte coloniale ? 

- Quel était leur rôle sacré ou symbolique pour les populations locales ?




La République de Djibouti, terminus de l'expédition Griaule, occupe une place centrale dans cette rétrospective. Plusieurs pièces patrimoniales djiboutiennes ont été intégrées à la scénographie, témoignant de la richesse culturelle du pays. Parmi ces objets figurent un flacon traditionnel à khôl, orné de perles et de cauris, qui servait au maquillage des yeux, ainsi qu'une meule et son pilon en pierre, utilisés quotidiennement par les femmes djiboutiennes pour moudre les condiments.  


L'exposition présente également un braséro en bois d'alayto, placé sous un étendoir pour parfumer les vêtements des mères et de leurs nourrissons, ainsi qu'un barki et un gorof, objets du quotidien chargés de sens. Une lettre de Mme Schilfitz et des photographies des salines de Djibouti complètent cette collection, offrant un témoignage historique précieux.  

Parmi les pièces les plus symboliques, une tablette coranique (lawh) et une plume (qalam) rappellent l'importance de l'apprentissage de l'écriture arabe dans la tradition djiboutienne. Ces objets, représentatifs des savoir-faire traditionnels, soulèvent également des questions essentielles sur leur présence dans les collections muséales européennes et les conditions de leur acquisition. Leur exposition à Paris invite ainsi à une réflexion approfondie sur l'héritage colonial et les enjeux de restitution.


  En marge de l'exposition s'est tenu un important colloque scientifique les 16 et 17 avril 2025, organisé en partenariat avec Sciences Po Paris. Cet événement a rassemblé d'éminents historiens, anthropologues et universitaires venus d'Afrique et d'Europe pour engager un dialogue approfondi sur plusieurs enjeux majeurs. Les discussions se sont particulièrement concentrées sur le contexte politique de la mission Griaule et son héritage controversé, mettant en lumière les conditions coloniales dans lesquelles cette expédition ethnographique a été menée. Les participants ont également examiné les revendications légitimes de restitution des biens culturels, ainsi que la nécessité d'établir une coopération culturelle plus équitable entre l'Afrique et l'Europe, fondée sur le respect mutuel et la reconnaissance des droits patrimoniaux.


À cette occasion, Son Excellence l'Ambassadeur Ayeid Mousseid Yahya a prononcé des mots marquants, saluant cette initiative comme bien plus qu'une simple rétrospective historique : "Cette exposition n'est pas seulement une rétrospective, mais un acte de justice. Djibouti s'engage pour une mémoire apaisée et un patrimoine partagé." Cette déclaration souligne l'engagement de la République de Djibouti dans ce processus de réconciliation mémorielle et de construction d'un nouveau paradigme dans les relations culturelles internationales. Le colloque a ainsi offert une plateforme essentielle pour repenser les dynamiques postcoloniales et envisager des modalités de collaboration plus justes pour l'avenir.

   

  En effet , la participation active de Djibouti à cette exposition s'inscrit dans le mouvement plus large en faveur de la restitution des biens culturels et du renforcement des institutions muséales africaines. Cette collaboration franco-djiboutienne témoigne d'une volonté partagée de repenser les relations culturelles entre l'Afrique et l'Europe. Ensemble, les deux pays entendent déconstruire les récits coloniaux unilatéraux qui ont longtemps dominé l'interprétation des collections ethnographiques, tout en donnant une place centrale aux perspectives africaines dans la narration historique. Cette démarche commune vise également à promouvoir une muséographie plus éthique, respectueuse des droits culturels des pays d'origine.





Dans un contexte international où les questions de restitution occupent une place croissante dans le débat public, Djibouti se positionne comme un acteur engagé dans la recherche de solutions équilibrées. Plutôt que d'effacer le passé, le pays privilégie une approche constructive visant à réécrire collectivement l'histoire, en intégrant les voix de toutes les parties concernées. Ce dialogue respectueux ouvre la voie à une nouvelle ère de coopération culturelle, où la reconnaissance des torts passés s'accompagne d'un projet commun de valorisation du patrimoine africain.


 




#Djibouti participe à la Conférence FfD4 à Séville

  La République de Djibouti a marqué de sa présence l’ouverture officielle de la quatrième Conférence internationale sur le financement du d...