L’Afrique du Sud a déposé une plainte historique contre Israël devant la Cour internationale de Justice (CIJ), accusant ce dernier de « génocide » dans la bande de Gaza. Cet acte, posé le 29 décembre 2023, marque un tournant significatif dans les relations internationales et soulève des questions cruciales sur l’application du droit international et la réponse globale aux crises humanitaires.
Une accusation légitime
L’accusation de génocide portée par l’Afrique du Sud repose sur les violences intenses dans la bande de Gaza, qui ont entraîné la mort de plus de 36 000 civils et la destruction massive d’infrastructures. En outre, l’offensive israélienne a conduit à des déplacements massifs de population et à une crise humanitaire exacerbée par le manque d’accès à l’aide internationale, selon les rapports de l’ONU
Le soutien international : une montée en puissance
Douze pays, parmi lesquels des nations européennes, latino-américaines et africaines, ont exprimé leur intention de soutenir la plainte de l’Afrique du Sud. L’Espagne, dernier pays en date à manifester cette intention le 6 juin, rejoint la Belgique et l’Irlande en Europe, soulignant ainsi une solidarité croissante au sein de l’Union européenne sur cette question.
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CIJ |
Les démarches officielles et politiques
Des pays comme le Nicaragua, la Colombie, le Mexique, la Libye et la Palestine ont déjà soumis des demandes officielles d’intervention auprès de la CIJ. D’autres, dont la Belgique, la Turquie, l’Égypte, les Maldives, l’Irlande, le Chili et l’Espagne, ont exprimé leur intention de le faire prochainement.
1. Nicaragua : demande d’intervention soumise le 8 février 2024
2. Belgique : intention déclarée le 11 mars
3. Irlande : intention déclarée le 27 mars
4. Colombie : demande d’intervention soumise le 5 avril
5. Turquie : intention déclarée le 1er mai
6. Libye : demande d’intervention soumise le 10 mai
7. Égypte : intention déclarée le 12 mai
8. Maldives : intention déclarée le 13 mai
9. Mexique : demande d’intervention soumise le 28 mai
10. Chili : intention déclarée le 2 juin
11. Palestine : demande d’intervention soumise le 3 juin
12. Espagne : intention déclarée le 6 juin
L’interprétation belge du génocide
La Belgique, par l’intermédiaire de sa ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib, a souligné l’importance de maintenir une politique étrangère fondée sur le respect du droit international. En se référant à la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide, la Belgique propose de fournir à la CIJ une interprétation rigoureuse de la notion de génocide, affirmant que « la politique étrangère de la Belgique doit continuer à se distinguer comme un fervent défenseur du respect du droit international. »
Les formes d’intervention : une question de droit et de principe
Deux articles du statut de la CIJ encadrent les interventions des États tiers dans une affaire. L’article 62 permet à un pays démontrant un intérêt juridique spécifique de demander à devenir partie au procès. C’est le cas du Nicaragua et de la Palestine dans cette affaire. L’article 63, quant à lui, permet à tout État signataire d’une convention en question d’intervenir pour interpréter ladite convention. La Colombie, la Libye, le Mexique et la Palestine ont déjà déposé des déclarations d’intervention sous cet article, mettant en avant l’importance de la Convention sur le génocide comme un « instrument cardinal du droit international ».
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Gaza, avant et pendant le génocide actuel |
Perspectives et implications
La CIJ a invité l’Afrique du Sud et Israël à présenter leurs observations écrites sur les demandes d’intervention. L’issue de cette procédure pourrait avoir des répercussions considérables sur la manière dont la communauté internationale traite les allégations de crimes de guerre et de génocide, en plus de renforcer ou de fragiliser les alliances géopolitiques existantes.
Ce mouvement coordonné de plusieurs pays pour soutenir une plainte contre Israël devant la CIJ reflète une volonté croissante d'utiliser les mécanismes juridiques internationaux pour aborder les crises humanitaires et les violations des droits humains. En fin de compte, cette affaire pourrait bien redéfinir les contours du droit international et de la justice mondiale.
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