mercredi 16 octobre 2024

Djibouti , vers un hub financier régional - Enjeux et perspectives

 Dans notre rubrique “Décryptage”, nous allons passer en revue la réunion de ce matin consacrée au futur hub financier de Djibouti, en vous offrant un aperçu détaillé des enjeux, des objectifs et des retombées potentielles pour le pays. Ce projet ambitieux, qui vise à renforcer la position de Djibouti sur la scène économique régionale et internationale, s’inscrit dans une stratégie de long terme pour diversifier les sources de croissance et d’influence. Pour Djibouti, l’enjeu ne se limite pas seulement à devenir un centre financier, mais à gagner le combat gramscien de l’hégémonie intellectuelle et économique dans la région.


M. Ilyas Moussa Dawaleh , MEFI 

Le Kempiski palace a abrité ce matin , une réunion stratégique , sous la présidence du MEFI , M. Ilyas Moussa Dawaleh, une rencontre qui marque un tournant dans les ambitions du pays de s’imposer comme un centre financier régional. Cet événement s’inscrit dans la dynamique de la Vision Djibouti 2035, axée sur la diversification économique et la consolidation de l’influence internationale de Djibouti. Ainsi , sous  la houlette du Président Ismail Omar Guelleh, le pays se lance donc dans une course pour réaliser les objectifs de développement durable et répondre aux attentes de sa population tout en consolidant son rayonnement international. 



À ce titre, la rencontre a réuni des acteurs majeurs du secteur financier, dont des représentants de la Banque africaine de développement, des dirigeants bancaires et des investisseurs privés. L’objectif était clair : jeter les bases d’un écosystème financier robuste qui positionnera Djibouti comme un hub économique dans la Corne de l’Afrique. Une ambition louable, mais qui s’accompagne de nombreux défis.


Mme Amina Abdi, Urbanisme et Habitat 


Depuis plusieurs années, Djibouti dépend fortement de ses revenus portuaires et de la réexportation, principalement vers l’Éthiopie. Cependant, avec l’émergence de corridors économiques en Éthiopie et au Kenya, cette dépendance devient de plus en plus risquée. La réunion stratégique a donc permis d’explorer de nouvelles pistes pour diversifier l’économie nationale, avec un accent particulier sur des secteurs tels que l’industrie manufacturière, les télécommunications, la pêche et le tourisme.


Le Ministre IMD  a également mis en avant l’importance d’investir dans des infrastructures modernes et d’encourager l’innovation financière, soulignant ainsi le besoin urgent de renforcer le marché monétaire local. Ce positionnement pourrait non seulement permettre à Djibouti de sécuriser sa place dans l’économie régionale, mais également de répondre aux fluctuations des échanges commerciaux dans la région, tout en réduisant sa dépendance aux infrastructures portuaires.


Pour parvenir à ses fins, Djibouti doit s’attaquer à un autre défi de taille : la mise en place de réformes réglementaires efficaces. Le cadre juridique actuel, bien qu’en voie d’amélioration, doit encore se moderniser pour attirer davantage d’investissements étrangers tout en soutenant l’entrepreneuriat local. Une attention particulière a été accordée lors de cette réunion à la simplification des procédures administratives et à l’amélioration de l’accès aux financements, surtout pour les PME, souvent considérées comme des moteurs d’innovation et de croissance dans les économies émergentes.


Mme Ouloufa Abdo , Affaires sociales et solidarité 

En outre , des investissements significatifs dans les secteurs de l’énergie et des technologies de l’information apparaissent comme une condition sine qua non pour lever les freins au développement du secteur privé. Malgré les progrès notables dans l’amélioration du climat des affaires, les coûts élevés de production et une capacité d’expansion limitée restent des obstacles majeurs à la compétitivité des entreprises djiboutiennes.


En effet , ce plan ambitieux de Djibouti, qui aspire à devenir un hub financier régional, s’inscrit dans une stratégie plus large, celle de renforcer la position géostratégique du pays dans la Corne de l’Afrique. En effet, au-delà des dimensions économiques, cette démarche est aussi un moyen pour Djibouti d’affirmer son rôle central dans le développement régional, en particulier vis-à-vis de ses voisins qui partagent les mêmes aspirations de diversification économique et de croissance. Toutefois, le succès de cette initiative dépendra de la capacité du gouvernement à naviguer à travers les réformes structurelles, à mobiliser des ressources financières adéquates et à maintenir une vision cohérente à long terme.



Par ailleurs, les retombées potentielles de la création d’un hub financier régional à Djibouti pourraient être considérables, tant sur le plan économique que géopolitique. En devenant un centre névralgique pour les services financiers, Djibouti attirerait des investissements étrangers massifs, renforçant ainsi ses réserves de devises et dynamisant son secteur privé. La création d’emplois qualifiés, le développement des infrastructures et l’innovation dans des secteurs comme la technologie financière en seraient des conséquences directes. De plus, ce hub renforcerait l’influence géopolitique de Djibouti, en consolidant son rôle de carrefour économique pour la Corne de l’Afrique, tout en diversifiant ses revenus au-delà de l’économie portuaire. Cela contribuerait aussi à améliorer la résilience du pays face aux fluctuations des échanges régionaux et aux transformations géoéconomiques en cours.

 


De plus , Le futur hub financier de Djibouti apportera une valeur ajoutée stratégique qui renforcera la position du pays sur plusieurs fronts. En Afrique de l’Est, il consolidera le rôle de Djibouti comme porte d’entrée des échanges commerciaux et services financiers pour les nations enclavées comme l’Éthiopie, tout en offrant une alternative aux centres financiers émergents comme Nairobi. Au niveau de la région MENA, Djibouti pourra capitaliser sur sa proximité géographique avec les États du Golfe pour attirer des capitaux en provenance du Moyen-Orient, tout en facilitant les flux financiers entre l’Afrique et l’Asie. Sur le plan continental, ce hub permettra à Djibouti de s’imposer comme un acteur clé dans l’intégration financière africaine, en particulier dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Cela renforcerait également sa capacité à devenir un pôle incontournable pour les transactions interrégionales et les investissements transfrontaliers, projetant Djibouti au rang de moteur de développement économique pour la région et au-delà.


Enfin, le projet ambitieux de Djibouti, visant à devenir un hub financier régional, s’inscrit dans une dynamique plus large de renforcement de sa position géostratégique dans la Corne de l’Afrique. Ce n’est pas seulement une transformation économique, mais une véritable affirmation de son rôle central dans le développement régional, répondant aux aspirations de diversification économique et de croissance partagée avec ses voisins. Cette réunion, au-delà de ses annonces, représente une étape clé pour Djibouti dans la construction d’un avenir financier plus diversifié et résilient.


Si les défis sont nombreux, l’engagement manifesté lors de cet événement souligne la détermination du pays à devenir un acteur incontournable dans le paysage économique régional tout en consolidant son rôle géostratégique dans une région en pleine mutation.   Comme l’a affirmé maintes fois, le président Guelleh , “Le chemin vers le progrès est multiple et chaque société doit mener son propre combat pour concrétiser ses aspirations collectives.”

Sur ce , la route est encore longue, mais les fondations sont désormais posées.

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