mercredi 11 juin 2025

Agrobusiness 2025 , un forum pour semer la résilience

 Sous un soleil implacable, mais avec des idées fertiles, Djibouti a donné ce mardi le coup d’envoi au Forum Agro Business 2025. Pendant deux jours et demi, la capitale devient le laboratoire d’un renouveau agricole en terre aride. Ici, dans un pays où chaque goutte d’eau compte, la question n’est plus « Peut-on cultiver ? », mais « Comment transformer l’agriculture en levier économique stratégique ? ».


Réunis à l’hôtel Ayla, investisseurs, experts, chercheurs, représentants d’États et entreprises du secteur agropastoral venus d’Afrique de l’Est, du Moyen-Orient, d’Europe et d’Amérique du Nord, se penchent sur une vision partagée : faire de l’agrobusiness un moteur de croissance, de souveraineté alimentaire et d’emplois durables. Le thème de cette édition, « Djibouti Agro-business 2030 : Innover, Investir, Transformer pour une Agriculture Durable et Résiliente », marque une rupture nette avec l’approche humanitaire traditionnelle.


M.Ilyas Moussa Dawaleh , MEFI 

De la survie à la souveraineté , un tournant stratégique


Sous l’égide du  Premier ministre , le forum s’est ouvert dans un état d’esprit où l’agriculture n’est plus une option périphérique, mais une priorité nationale au même titre que les ports ou les énergies renouvelables . La posture est claire : il ne s’agit plus de survivre, mais d’anticiper. Face aux dérèglements climatiques, à la dépendance chronique aux importations et à une croissance démographique soutenue, le pays veut construire un modèle agricole adapté à ses contraintes, mais tourné vers les opportunités de demain.


Co-organisé par les ministères de l’Agriculture et de l’Économie, le forum entend créer des passerelles entre expertise scientifique, financement international et entrepreneuriat local. Dans les couloirs du forum, une conviction s’impose : le désert n’est pas un obstacle, c’est un défi à réinventer.

Le programme met l’accent sur quatre secteurs porteurs, choisis pour leur potentiel d’impact à court et moyen terme :

L’aquaculture et la pêche côtière : avec la participation de Red SEA Fish (Djibouti), Willing Hands (Norvège) et Aquaculture Consultant Office (Égypte), l’accent est mis sur la valorisation durable des ressources marines.

La culture du palmier dattier : soutenue par le Centre international pour l’agriculture biosaline (ICBA) et la Coopérative jordanienne, cette filière s’inscrit dans une logique agroécologique adaptée aux milieux salins et secs.

L’élevage caprin : un pilier traditionnel à moderniser, avec les contributions de Somali Genetics (Somalie), JIGJIGA Export Slaughterhouse (Éthiopie) et ALABGRO (Djibouti), visant à structurer une filière d’élevage exportatrice.

L’horticulture et l’agriculture hors-sol : portée par Hydroponics Africa Limited (Kenya), Nimble Farms (États-Unis) et Tiryaki (Turquie), cette filière mise sur la technologie pour contourner la rareté des sols fertiles.


Une ambition réaliste, un pari assumé


Les conclusions du forum, attendues vendredi, alimenteront les travaux d’une table ronde internationale prévue d’ici la fin de l’année. Objectif : formuler un plan d’action structuré, adossé à des financements ciblés, pour accompagner la montée en puissance de l’agrobusiness à Djibouti. À terme, il s’agit de construire une chaîne de valeur complète, de la production à la transformation, en passant par l’exportation.

« Nous devons penser en réseau, investir en commun et produire localement », a insisté une experte jordanienne du secteur dattier. Cette logique d’interdépendance intelligente traverse l’ensemble des panels et ateliers techniques.


Car le défi est immense. L’aridité, la salinité des sols, la pénurie d’eau, l’insuffisance d’infrastructures rurales… tout cela rend l’équation complexe. Mais dans un monde en crise alimentaire permanente, l’ambition de Djibouti trouve un écho. En plantant aujourd’hui les graines d’une agriculture intelligente et résiliente, le pays espère récolter demain autonomie alimentaire, emplois jeunes, retours sur investissement et stabilité sociale.


M. Mohamed Ahmed Awaleh , Ministre de l'Agriculture, de l'Eau, de la Pêche, de l'Elevage et des Ressources halieutiques 


Enfin, ce forum, plus qu’une vitrine, est un révélateur. Celui d’un pays qui regarde son sol autrement. Non plus comme une limite, mais comme le point de départ d’une souveraineté à cultiver.



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