PND 2025-2030 , un pari national
Djibouti n’a pas simplement réuni ses partenaires au développement ce dimanche 15 juin. Elle les a conviés à un pacte. À un engagement stratégique dont la portée dépasse les lignes sages d’un plan quinquennal. Derrière le sigle PND 2025-2030, il y a une vision ; et une volonté de puissance assumée.
Trois heures durant, dans l’austérité feutrée d’une salle où se jouent les trajectoires économiques, le ministre Ilyas Moussa Dawaleh a déroulé une feuille de route qui n’en est pas une. Car ce document est davantage un manifeste qu’un simple plan. Il porte en creux une rupture avec les cycles d’assistanat, les projets émiettés, les agendas dictés. Cette fois, Djibouti veut écrire son avenir ; et assigner à ses partenaires un rôle clair : soutenir, mais ne plus dicter.
« Ce Plan est un pacte collectif », a lancé le MEFI M. Ilyas Moussa Dawaleh. Le mot n’est pas neutre. Il évoque autant la gravité de l’engagement que la force du lien. Pacte avec qui ? Avec le peuple djiboutien d’abord ; ce peuple que le ministre veut voir consulté, impliqué, responsabilisé. Pacte aussi avec les acteurs économiques, les chercheurs, les jeunes générations. En creux, une idée : le développement ne sera plus un luxe administré par en haut, mais une dynamique organique, transversale.
Les contours de cette ambition se sont précisés : quatre comités stratégiques pour organiser, une nouvelle grille d’évaluation des projets fondée sur l’impact, la maturité et l’inclusion. Et surtout, une exigence de transparence et d’efficacité brandie comme un préalable non négociable. Fini les projets vitrines. Place aux chantiers utiles, traçables, évaluables.
Mais tout cela a un prix. Et le ministre n’a pas contourné la question : la mobilisation des ressources financières sera décisive. Pas seulement en montant, mais en cohérence. L’aide devra s’aligner. Les partenaires, choisir leur camp : celui de la transformation ou celui de la dispersion.
« Djibouti entre dans une nouvelle ère. Et cette fois, personne ne restera sur le bord de la route », a prévenu Ilyas Moussa Dawaleh. Ce n’est pas une promesse. C’est une ligne de front. Car au fond, ce PND n’est pas une simple planification technocratique. C’est un acte politique. Une manière de dire que le pays n’a plus le temps de négocier des demi-mesures.
Les partenaires techniques et financiers ont salué. Ils ont promis. Ils ont signé. Mais dans les coulisses, chacun sait que les mois à venir diront si ce pacte tiendra. Si le mot « collectif » survivra aux inerties administratives, aux logiques sectorielles, aux hésitations diplomatiques.
Enfin ce qui se joue avec le PND 2025-2030 n’est pas seulement une trajectoire de croissance. C’est un test de souveraineté. Une démonstration de maturité stratégique. Et peut-être, au fond, l’amorce d’un nouveau contrat entre l’État djiboutien et ceux qui croient encore que la petite république de la Corne peut devenir un laboratoire de modernité africaine.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire