« Le projet PERRAD marque un tournant stratégique pour l’assainissement à Djibouti. » En une phrase, Mohamed Fouad Abdo, Directeur Général de l’ONEAD, résume l’enjeu d’un programme qui dépasse le simple chantier d’infrastructures. Car ce qui s’ouvre aujourd’hui dans la capitale n’est pas une opération technique parmi d’autres. C’est l’aboutissement d’un processus de planification patient, pensé à l’échelle de la ville, et qui amorce un changement structurel dans la gestion des eaux usées.
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Mohamed Fouad Abdo, DG de l’ONEAD |
Porté par une volonté politique explicite, le Projet d’Extension et de Réhabilitation des Réseaux d’Assainissement de Djibouti (PERRAD) s’inscrit dans le cadre d’une orientation présidentielle forte : améliorer le cadre de vie des quartiers populaires les plus denses de la capitale et combler un déficit chronique en infrastructures sanitaires de base. Le lancement des travaux ce 16 juin 2025 marque la concrétisation d’un engagement présidentiel clair, orienté vers les populations les plus exposées aux risques hydriques.
Conçu sur la base d’un schéma directeur d’assainissement financé par l’Union européenne et l’AFD, le projet PERRAD est l’une des premières matérialisations opérationnelles de cette vision d’ensemble. Le choix des zones prioritaires, les technologies déployées, les phases de mise en œuvre : tout a été pensé à l’échelle de la ville et dans une logique de durabilité.
Le partenariat technique et financier engagé depuis 2019 avec les bailleurs européens donne au projet une assise solide. En mai 2025, le doublement de la capacité de la station de Douda est venu ouvrir la voie au déploiement progressif du réseau dans les quartiers.
La pièce maîtresse du dispositif, c’est la station d’épuration de Douda, désormais portée à 80 000 équivalents habitants grâce à l’inauguration de sa deuxième phase. Avec ses procédés de traitement biologique complet, son système de télégestion et sa capacité de production de compost stabilisé, Douda constitue un exemple d’infrastructure durable adaptée aux contraintes climatiques locales.
En parallèle, la station de Balbala, mise en service en 2024, apporte une réponse technique aux besoins pressants de Hodan 1, Hodan 2, Cité Luxembourg et Cité Cheikh Osman. Avec ses 30 000 EH, elle allège la pression sur le réseau central et joue un rôle fondamental dans la lutte contre la pollution diffuse.
Trois quartiers en chantier, deux en préparation
La phase actuelle du PERRAD concerne les quartiers Cité Stade, 7 et 7 bis, où des réseaux neufs sont en cours de déploiement. Seuls les postes de relevage de Progrès et Voirie seront réhabilités pour faciliter l’acheminement des eaux vers Douda.
Une deuxième phase, prévue dès juin 2026, ciblera les quartiers 5 et 6. Elle impliquera la construction de nouveaux postes de pompage à l’avenue 26 et au quartier 6, ainsi que le renforcement des stations S2 Abattoir et Haramous.
Le PERRAD ne se limite pas aux travaux. Il s’accompagne de campagnes de sensibilisation communautaire, d’études géotechniques préalables et d’un souci constant d’adaptation aux réalités locales. Résultat : une insertion plus fluide du projet dans le tissu urbain et une meilleure appropriation sociale.
L’impact ? Près de 30 000 habitants bénéficieront directement de cette première tranche. Moins de rejets anarchiques, une baisse significative des maladies hydriques, une amélioration nette des conditions sanitaires.
En outre, les eaux traitées à Douda et Balbala ne sont pas perdues : elles sont réutilisées pour irriguer les périmètres agricoles situés à proximité, contribuant ainsi à soutenir une agriculture périurbaine fragile, tout en économisant la ressource en eau potable.
Sur le plan écologique, le projet vise aussi à supprimer les rejets directs vers la mer et à endiguer les écoulements sur la voie publique, protégeant à la fois les routes, les écosystèmes et l’image même de la ville.
Enfin, les discussions sont d’ores et déjà engagées avec les partenaires pour étendre le PERRAD à d’autres zones prioritaires. Une tranche optionnelle est à l’étude, preuve que ce projet n’est pas un point final, mais un point d’ancrage.
« Ce que nous faisons ici n’est pas un simple chantier. C’est un changement de paradigme dans la gestion urbaine, une réponse structurelle à des besoins structurels », conclut Mohamed Fouad Abdo.
À Djibouti, l’assainissement n’est plus un angle mort des politiques publiques. Avec le PERRAD, il devient un axe central du développement urbain durable.
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