À l’hôtel Acacias, ce 16 juin marque le début d’un chantier discret mais décisif pour la politique économique nationale. Une trentaine d’agents, venus de divers horizons, y suivent une formation intensive orchestrée par l’Institut National de la Statistique de Djibouti (INSTAD). Leur mission : se préparer à la phase pilote du Recensement Général des Entreprises (REGED), une opération ambitieuse qui vise à dresser un état des lieux exhaustif du tissu économique djiboutien, tous secteurs confondus, formels comme informels.
Derrière ce nom technocratique se cache une entreprise structurante, aux implications multiples. Le REGED ne consiste pas simplement à compter les entreprises. Il s’agit de capturer une image fidèle, granulaire et actualisée de l’économie nationale, dans toute sa complexité et ses dynamiques invisibles. La formation en cours constitue donc une étape stratégique : elle vise à armer les agents de terrain d’une compréhension claire des objectifs, des outils numériques et du protocole méthodologique qui encadrent l’opération.
Deux volets structurent cette session cruciale. Le premier est consacré à l’apprentissage des manuels de recensement. À travers cette étape, les participants s’initient aux classifications des unités économiques, aux règles de remplissage des questionnaires, ainsi qu’aux techniques d’approche sur le terrain. L’enjeu est d’harmoniser les pratiques, d’anticiper les difficultés de terrain, et de garantir une collecte rigoureuse, capable de refléter la diversité des réalités entrepreneuriales locales.
Le second volet, plus technologique, porte sur la maîtrise du manuel CAPI (Computer-Assisted Personal Interviewing), qui constitue le pilier numérique du REGED. Les agents apprennent à manipuler les tablettes fournies par l’INSTAD, à naviguer dans les interfaces de saisie, à enregistrer les données en temps réel et à les transmettre selon les standards de qualité et de sécurité en vigueur. Ce dispositif modernise en profondeur le travail statistique, tout en assurant une meilleure fiabilité des données collectées.
Cette phase pilote joue le rôle de stress test grandeur nature. Elle permet non seulement de tester les outils de collecte, mais aussi de mesurer la réactivité des équipes face aux imprévus du terrain, d’évaluer l’efficacité des dispositifs de supervision et de contrôle qualité. C’est une étape décisive avant le lancement national prévu dans les prochains mois. “Il ne s’agit pas simplement de compter les entreprises”, insiste un formateur de l’INSTAD. “Il s’agit de mieux comprendre l’écosystème économique national, d’identifier ses dynamiques cachées, ses forces vives, mais aussi ses vulnérabilités.”
En outre, les retombées attendues du REGED sont majeures. Les données recueillies serviront de boussole à l’action publique : elles permettront d’ajuster les politiques de soutien aux entreprises, de cibler plus finement les mesures d’accompagnement, et de guider les investissements dans les zones à fort potentiel. Elles constitueront également un socle de référence pour les partenaires techniques et financiers désireux d’appuyer le développement économique du pays.
En toile de fond, c’est une véritable révolution culturelle que l’INSTAD cherche à impulser : celle d’un État qui base ses décisions sur des données solides, fiables, partagées. Un État qui fait de la statistique un levier stratégique pour son développement.
Conscient de ces enjeux, l’INSTAD en appelle à la coopération active de tous les acteurs économiques, des grandes entreprises aux petits commerçants. Car la réussite du REGED repose sur une confiance partagée, une conscience collective que l’information statistique est un bien commun, au service de l’intérêt général.
Enfin , le REGED est lancé. Les tablettes sont allumées. Les équipes sont prêtes. Ce qui commence à l’hôtel Acacias n’est pas un simple séminaire : c’est le premier pas vers une cartographie économique nouvelle ; plus juste, plus complète, plus stratégique.
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