Scène inaugurale d’un tournant stratégique à la Bibliothèque nationale : ce 18 juin 2025, entre ouvrages anciens et promesses d’avenir, Djibouti a lancé l’élaboration de sa première stratégie nationale pour les industries culturelles et créatives (ICC), en partenariat avec l’Union européenne, l’UNESCO et l’Agence nationale pour la promotion de la culture (ANPC).
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Dr Hibo Moumin Assoweh, ministre de la Jeunesse et de la Culture |
La culture djiboutienne n’avait jusqu’ici pas encore son architecture stratégique. C’est désormais en chantier. La cérémonie de lancement du projet, en présence de figures diplomatiques et culturelles de premier plan, s’est tenue dans une atmosphère aussi solennelle qu’enthousiaste. S.E. Dr Hibo Moumin Assoweh, ministre de la Jeunesse et de la Culture, a souligné la portée de cette initiative : « Il est temps de reconnaître la culture non plus comme un simple supplément d’âme, mais comme un moteur de transformation économique et sociale»
À ses côtés, S.E. Dr Denisa-Elena Ionete, ambassadrice de l’Union européenne, a rappelé le rôle catalyseur de l’UE dans les dynamiques de coopération culturelle sur le continent africain : « En soutenant les ICC, nous misons sur la créativité comme vecteur de développement durable et d’autonomisation des jeunes. » Quant à Idyle Moussa Iye, cheffe de l’antenne UNESCO à Djibouti, elle a salué une initiative « qui conjugue patrimoine et innovation, données et inclusion, dans l’esprit même de la Convention de 2005. »
Le projet, porté par l’UNESCO dans le cadre de la phase III de son programme cofinancé par l’UE, ne se limite pas à un simple exercice de planification. Il s’agit d’un processus structurant : construire une stratégie nationale fondée sur des données probantes, cartographier les acteurs, renforcer les capacités locales, instaurer des dialogues multipartites, favoriser les apprentissages croisés et inscrire durablement la culture dans les politiques publiques. En somme, faire des ICC un pilier de l’économie nationale.
En outre, ce chantier stratégique vise à poser des fondations robustes pour un secteur aux contours encore flous, souvent informel, mais potentiellement porteur. Il engage des ambitions claires : créer des emplois pour la jeunesse, générer de la valeur autour du patrimoine matériel et immatériel, stimuler l’innovation artistique et technologique, et enfin, faire rayonner Djibouti comme carrefour culturel dans la Corne de l’Afrique.
En filigrane, cette initiative traduit une inflexion majeure : l’élévation de la culture au rang de priorité stratégique. La présence du Directeur général de l’ANPC, Mohamed Houssein Doualeh, symbolise l’alignement des institutions culturelles nationales avec les standards internationaux. « Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère pour les artistes, les créateurs, les artisans et les professionnels du secteur. Cette stratégie leur offrira un cadre clair, des appuis concrets et une reconnaissance institutionnelle », a-t-il affirmé.
À noter également la mobilisation active de plusieurs institutions publiques partenaires, appelées à jouer un rôle clé dans l’appui au projet. Parmi elles : les Centres de Leadership et de l’Entrepreneuriat (CLE), l’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANPI), l’Agence Djiboutienne de Développement Social (ADDS), la Direction Générale des Impôts (DGI), le Fonds de Développement Économique de Djibouti (FDED), ainsi que la direction de l’Industrie relevant du MEFI et et de la direction de l’Artisanat du Ministère du commerce et du tourisme. Ainsi que les acteurs et professionnels Djiboutiens du secteur des ICC.
Enfin, ce projet s’inscrit dans une dynamique plus large de reconnaissance mondiale des ICC comme levier de développement. Il répond à une exigence locale de structuration et d’inclusion, tout en s’adossant à des normes et outils éprouvés. Il épouse aussi un moment particulier : celui où les économies créatives s’imposent comme des alternatives crédibles face aux défis de l’emploi, de l’informalité et de la mondialisation des cultures.
Pour Djibouti, ce virage stratégique n’est pas qu’un acte symbolique : c’est un pari sur l’avenir, un choix de souveraineté culturelle, un investissement dans les talents et un engagement envers la diversité. Il faudra désormais que les mots trouvent leur traduction dans les actes, les ambitions dans les budgets, les stratégies dans les politiques publiques.
L’Europe et l’UNESCO ont offert le cadre. À #Djibouti d’écrire la partition.
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