La lutte contre la corruption, ce mal endémique qui ronge les institutions et freine le développement, s’impose aujourd’hui comme une priorité internationale. Dans ce contexte, Djibouti marque une fois de plus sa détermination à s’impliquer activement sur la scène diplomatique. En témoigne la participation de Madame Badria Zakaria Cheick Ibrahim, Présidente de la Commission Nationale Indépendante pour la Prévention et la Lutte contre la Corruption (CNIPLC), à la deuxième réunion ministérielle des organismes anticorruption des États membres de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), tenue à Doha, les 26 et 27 novembre 2024.
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Madame Badria Zakaria Cheick Ibrahim, Présidente de la Commission Nationale Indépendante pour la Prévention et la Lutte contre la Corruption (CNIPLC) |
Accompagnée d’une délégation de haut niveau, composée notamment de spécialistes des questions de coopération internationale et de restitution des avoirs, Madame Cheick Ibrahim a porté la voix de Djibouti dans des débats cruciaux pour l’avenir de la lutte contre la corruption au sein du monde islamique. L’ordre du jour de cette réunion ministérielle illustrait bien l’ambition collective des États membres : faire de la transparence une norme et de l’intégrité un levier de développement.
Trois projets de résolutions majeurs ont été soumis à l’examen des participants. Le premier, proposé par l’Arabie Saoudite et les Maldives, visait à promouvoir l’intégrité dans le secteur touristique, un domaine souvent vulnérable aux pratiques corruptives en raison de sa nature transnationale. Une telle initiative, bien que ciblée, démontre que la lutte contre la corruption ne se limite pas aux institutions publiques, mais s’étend à tous les secteurs économiques.
Le second projet portait sur la création d’un groupe d’experts intergouvernemental pour superviser la mise en œuvre de la Convention de La Mecque. Ce mécanisme d’examen pourrait devenir un modèle de gouvernance collaborative, si toutefois les États s’engagent à jouer le jeu de la transparence.
Enfin, le troisième projet, centré sur l’élaboration d’indicateurs fiables pour mesurer la corruption, représente un défi méthodologique de taille. Comment quantifier un phénomène par nature opaque ? Ce projet, bien qu’ambitieux, nécessitera des ressources et une volonté politique sans faille.
L’un des temps forts de cette réunion fut la signature, par 21 États membres, de la Convention de Makkah Al Mukarammah. En créant un cadre juridique pour l’échange d’informations et la coopération transfrontalière, cette convention marque une avancée significative. Elle met notamment l’accent sur la restitution des avoirs illégaux, un enjeu essentiel pour les pays dont les richesses sont siphonnées par des réseaux criminels ou des élites corrompues.
Pour Djibouti, pays stratégique à la croisée des routes maritimes et commerciales, ce cadre de coopération représente une opportunité de renforcer ses capacités institutionnelles et de protéger son économie des pratiques illicites.
En marge de la réunion, Madame Badria Zakaria Cheick Ibrahim a multiplié les entretiens bilatéraux avec ses homologues. Ces échanges illustrent une approche proactive et pragmatique : tisser des partenariats solides pour bénéficier des meilleures pratiques et renforcer les outils nationaux de prévention et de répression.
En participant à cette réunion de haut niveau, Djibouti envoie un message clair : la lutte contre la corruption n’est pas seulement une priorité nationale, mais aussi une pierre angulaire de sa diplomatie. La présence de la Première Conseillère de l’Ambassade de Djibouti au Qatar, Madame Zahra Hassan Cheick, témoigne également de l’importance accordée à l’intégration de la lutte anticorruption dans les relations internationales.
Par ailleurs , la participation de la CNIPLC de Djibouti à ce type d’événement international offre des retombées significatives, tant sur le plan institutionnel que stratégique. D’une part, elle permet à la commission de renforcer son réseau de coopération avec des institutions similaires dans les pays membres de l’OCI, ouvrant ainsi la voie à des partenariats bilatéraux et multilatéraux pour l’échange de bonnes pratiques, d’expertise technique et d’assistance dans la récupération des avoirs illicites. D’autre part, cette visibilité internationale positionne la CNIPLC comme un acteur engagé dans la lutte contre la corruption, renforçant sa légitimité sur le plan national et crédibilisant son action auprès des partenaires internationaux. Ces retombées contribuent non seulement à consolider les capacités institutionnelles de la commission, mais aussi à inscrire Djibouti dans une dynamique globale de gouvernance et de transparence, essentielle pour attirer les investisseurs et promouvoir un développement durable.
Enfin , la lutte contre la corruption ne saurait être gagnée par des efforts isolés. Elle nécessite une coordination régionale et internationale, mais surtout un engagement politique fort. Les résolutions adoptées à Doha, bien qu’encourageantes, ne porteront leurs fruits que si elles sont suivies d’actes concrets. Djibouti, en assumant pleinement son rôle sur cette scène, pourrait bien s’affirmer comme un acteur clé dans ce combat global.