Dans une salle comble réunissant journalistes et diplomates, Wang Yi, ministre des Affaires étrangères de la Chine et membre du Bureau politique du Parti communiste chinois, a pris la parole ce vendredi pour détailler les priorités stratégiques de la politique extérieure chinoise. Face à un auditoire international, il a esquissé une vision ambitieuse : celle d’une Chine résolument engagée en faveur d’un monde multipolaire, inclusif et fondé sur le respect mutuel.
Dès les premiers instants, Wang Yi a réaffirmé l’attachement de Pékin au multilatéralisme. « Le monde n’a pas besoin d’un ordre dicté par une seule puissance, mais d’un système international juste, où chaque pays, qu’il soit grand ou petit, puisse faire entendre sa voix », a-t-il déclaré avec fermeté. Il a également plaidé pour une réforme en profondeur des institutions internationales, notamment l’ONU, afin qu’elles reflètent mieux les réalités géopolitiques du XXIe siècle.
Le ministre a insisté sur le principe de non-ingérence, un message qui résonne comme une critique implicite des politiques occidentales. « La Chine ne dicte pas aux autres nations la voie à suivre et attend en retour le même respect », a-t-il martelé, mettant en avant une approche diplomatique fondée sur la souveraineté et la réciprocité.
Les échanges avec les États-Unis ont occupé une place centrale lors de cette conférence. Wang Yi a dénoncé les « restrictions technologiques injustifiées » imposées par Washington, tout en soulignant l’importance du dialogue, notamment sur les questions climatiques. « En tant que premières puissances économiques mondiales, nous avons la responsabilité d’éviter la confrontation et de travailler ensemble pour le bien de tous », a-t-il affirmé.
Évoquant la Russie, le ministre a décrit le partenariat sino-russe comme une « force stabilisatrice » face à l’expansion de l’OTAN, tout en mettant en avant les collaborations énergétiques qui renforcent les liens entre les deux pays.
Concernant l’Union européenne, il a appelé les dirigeants du Vieux Continent à adopter une posture d’« autonomie stratégique », indépendante des influences américaines. Il a également exprimé le souhait de voir les relations sino-européennes se renforcer, notamment dans les domaines du commerce et des nouvelles technologies.
Wang Yi a également mis en avant la place centrale des nations du Sud dans la politique étrangère chinoise. « La Chine restera toujours le partenaire privilégié des pays en développement », a-t-il assuré, rappelant les nombreuses annulations de dettes et les investissements massifs réalisés à travers l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie (BRI).
Dans cette optique, il a annoncé la création d’un Fonds vert pour la BRI, destiné à financer des projets de transition énergétique dans les économies émergentes. « Nous voulons prouver que développement économique et préservation de l’environnement peuvent aller de pair », a-t-il expliqué.
Sur les questions régionales, le ministre a adopté un ton sans équivoque. Abordant la question de Taïwan, il a insisté sur l’inéluctabilité de l’unification et mis en garde contre toute tentative séparatiste. « La Chine ne tolérera aucune ingérence extérieure dans ses affaires intérieures », a-t-il averti.
Concernant la Mer de Chine méridionale, il a rejeté les critiques internationales, affirmant que Pékin privilégie le dialogue avec les pays de l’ASEAN pour résoudre les différends maritimes. « Les interventions extérieures ne font qu’exacerber les tensions », a-t-il affirmé.
Sur le volet environnemental, Wang Yi a réitéré l’engagement de la Chine à atteindre la neutralité carbone d’ici 2060, tout en plaidant pour une approche différenciée selon le niveau de développement des pays.
Lors de la session de questions-réponses, Wang Yi a été interrogé sur des sujets sensibles, notamment les droits de l’homme au Xinjiang. Il a balayé les accusations occidentales, les qualifiant de « pure désinformation », et justifié les politiques mises en place par la nécessité de lutter contre le terrorisme et d’assurer la stabilité.
Sur les tensions en Asie-Pacifique, il a défendu les manœuvres militaires chinoises comme étant « exclusivement défensives », tout en appelant à une désescalade des provocations extérieures.
Enfin, concernant les préoccupations sur l’endettement des pays africains, il a assuré que les prêts chinois étaient transparents et adaptés aux besoins des nations concernées. « Nos partenariats reposent sur des bases solides, mutuellement bénéfiques et respectueuses des réalités locales », a-t-il précisé.
En conclusion, Wang Yi a dépeint la Chine comme une puissance incontournable sur la scène internationale, prête à jouer un rôle de médiateur dans les conflits mondiaux. « Nous croyons en un monde où la coopération l’emporte sur l’affrontement, et où le dialogue remplace les sanctions », a-t-il déclaré sous les applaudissements.
Alors que la Chine poursuit son ascension en tant qu’acteur clé des relations internationales, cette conférence de presse a offert un aperçu clair de sa stratégie : afficher une fermeté inébranlable sur ses intérêts fondamentaux tout en renforçant son influence par le biais d’une diplomatie économique et pragmatique.