mardi 8 avril 2025

Djibouti célèbre ses femmes , la nation à l’écoute de ses bâtisseuses

 Ce matin, dans l’enceinte solennelle du siège de l’Union Nationale des Femmes Djiboutiennes (UNFD), une cérémonie empreinte de symbolisme et d’émotion a marqué la Journée Internationale de la Femme. Placée sous le Haut Patronage du Président de la République, Son Excellence Ismail Omar Guelleh, et en présence de la Première Dame, Madame Kadra Mahamoud Haid, présidente de l’UNFD, cette journée s’est transformée en un vibrant plaidoyer pour l’égalité et l’autonomisation des femmes.  



Un thème fort résonnait comme un appel :  « Pour toutes les femmes et les filles : Droit, Égalité et Autonomisation. » Derrière ces mots, se dessine un Djibouti en mouvement, où l’émancipation féminine n’est plus une simple promesse, mais une réalité qui prend forme, soutenue par une volonté politique affirmée et une culture nationale en évolution.  Elles étaient nombreuses, vêtues de couleurs éclatantes, rayonnantes de dignité et d’espoir : femmes des quartiers populaires, militantes de la première heure, entrepreneures audacieuses, étudiantes déterminées… Toutes réunies pour recevoir ce que la nation a de plus précieux à offrir : la reconnaissance.  


Le Président Guelleh, fidèle à cet engagement qu’il ne réduit pas à une simple tradition, est arrivé entouré d’une délégation sobre mais éloquente. À ses côtés, Kadra Mahamoud Haid, première dame et présidente de l’UNFD , figure emblématique de l’engagement féminin . Le Premier ministre Abdoulkader Kamil Mohamed et la ministre de la Femme et de la Famille, Mouna Osman Aden, les accueillaient, rappelant ainsi l’unité de l’exécutif autour de cette cause.  

Dans l’enceinte de l’UNFD, l’atmosphère était chargée de sens : portraits de femmes inspirantes, expositions de projets concrets, témoignages poignants, et une scène ouverte à la libre expression. Plus qu’une commémoration, un rendez-vous avec l’avenir du pays.  



Discrète mais déterminée, Kadra Mahamoud Haid incarne un activisme à la fois serein et résolu. Son approche ? Construire plutôt que dénoncer. Proposer plutôt que revendiquer. Sous sa direction, l’UNFD est devenue un véritable creuset d’émancipation, un laboratoire d’initiatives tangibles : alphabétisation des jeunes filles, sensibilisation à la santé maternelle, formations professionnelles, microcrédits pour les entrepreneures… Autant de programmes qui transforment, pas à pas, la condition féminine à Djibouti.  


L’objectif est clair : il ne s’agit plus seulement de  « parler des femmes », mais de leur donner la parole, de les intégrer pleinement aux décisions qui les concernent, de les inscrire au cœur des dynamiques économiques, sociales et politiques du pays.  

Djibouti construit ainsi un modèle singulier, loin des féminismes théoriques ou des slogans importés. Ici, l’égalité se forge dans l’action, avec une stratégie nationale portée par le Président Guelleh : « Pas de développement sans les femmes. »




Les effets sont déjà visibles : davantage de femmes dans les instances décisionnelles, une participation économique accrue, une parole publique qui s’affirme. Bien sûr, des défis persistent ( disparités sociales, freins culturels, inégalités d’accès aux ressources ) , mais la dynamique engagée est irréversible.  

Car cette transformation ne vient pas d’en haut : elle est portée par ces femmes des régions, parfois arrivées après de longs voyages, par ces mères de famille fières de leur premier atelier de couture ou de leur petit commerce, par ces jeunes filles qui osent désormais rêver de devenir ingénieures ou députées. Leur combat prouve que l’émancipation n’est pas une faveur, mais une conquête.  



À l’issue de la cérémonie, les mots du Président Guelleh ont tracé la voie : « La femme djiboutienne est et restera au cœur du projet de société que nous bâtissons. ».

La Première Dame, quant à elle, a rappelé avec humilité :  « Le chemin est long, mais chaque pas compte, chaque victoire individuelle est une avancée collective. »Ainsi, la Journée Internationale de la Femme à Djibouti n’est pas un simple rituel. C’est un miroir tendu à la société, où se reflète peu à peu le visage d’un pays qui croit en ses femmes ; non par calcul, mais par conviction.  

Et c’est peut-être là la plus belle révolution silencieuse du Djibouti d’aujourd’hui.

Crédit photos : Geeska prod 

lundi 7 avril 2025

À Djibouti, l’ambition d’une commande publique plus propre

 Sous les ors du Kempinski, le Secrétariat du gouvernement s’attaque à un chantier aussi discret que stratégique : la professionnalisation de la fonction de passation des marchés. Objectif affiché : faire de la transparence une règle, et non une exception.



Parler de marchés publics, c’est souvent parler à demi-mot. À Djibouti comme ailleurs, cette mécanique complexe est un terrain fertile pour l’opacité, la lenteur, voire les dérives. Mais ce jeudi matin, au Kempinski Palace Hôtel, les mots ont été clairs, les intentions posées sur la table. Un atelier d’étude de faisabilité sur la professionnalisation de cette fonction clé a rassemblé hauts fonctionnaires, techniciens, experts internationaux et bailleurs de fonds. L’événement, copiloté par le ministère de l’Enseignement supérieur, le ministère du Travail et le Secrétariat général de la Présidence, a bénéficié du soutien financier et technique de la Banque mondiale et de la Banque islamique de développement.


Un front commun , un signal politique et un système à repenser


« La commande publique est l’un des leviers majeurs du développement. Encore faut-il qu’elle soit fiable, juste et performante », a résumé le SG du gouvernement M. Almis Mohamed Abdillahi lors de son intervention. C’est précisément cette fiabilité que l’État cherche à ancrer, en professionnalisant les acteurs chargés de la passation des marchés : formations, référentiels, règles unifiées. À l’image des pays qui ont compris que l’efficacité commence par l’expertise.


Tout au long de la matinée, les présentations se sont succédé, entre retours d’expérience, recommandations concrètes et critiques sans fard. La Commission nationale de passation des marchés, par la voix de son président ( également secrétaire général de la Présidence ) a livré un rapport d’étape, soulignant à la fois les efforts déjà consentis et les lacunes structurelles persistantes.


Au micro, M. Almis Med, secrétaire général de la Présidence, a martelé l’engagement du gouvernement : « Aucun effort n’a été ménagé pour rendre la commande publique plus transparente. C’est une question de gouvernance, mais aussi de crédibilité vis-à-vis des citoyens et des partenaires. » Les mots sont forts. Ils résonnent avec les attentes d’une opinion de plus en plus vigilante et d’institutions financières soucieuses de voir leurs fonds alloués dans des circuits lisibles.


Si les discours ont occupé la tribune, les débats de fond ont animé les couloirs. L’après-midi promettait de boucler les travaux par des échanges sur les défis concrets : recrutement, indépendance des organes de contrôle, numérisation des procédures… Car professionnaliser, c’est aussi dépolitiser. Et ça, à Djibouti comme ailleurs, ce n’est jamais une mince affaire.

Mais pour une fois, le mot « réforme » n’a pas semblé vide. Il était question de méthode, de calendrier, d’obligations de résultats.


«Le gouvernement de Djibouti n’a  aménagé aucun effort pour rentre la commande public transparent afin de renforcer la bonne gouvernance.» C’est sur ces mots que le SG du gouvernement a conclu son intervention 


dimanche 6 avril 2025

Djibouti renforce son partenariat avec la BAD

 Un nouveau cap pour le développement économique et régional


Ce lundi 6 avril, dans les bureaux du ministère de l’Économie et des Finances, une rencontre stratégique a marqué une étape importante pour Djibouti. Son Excellence Ilyas Moussa Dawaleh, ministre de l’Économie et des Finances, a reçu le Dr. Khaled Fouad Sherif, représentant de la Banque africaine de développement (BAD), pour des discussions riches et constructives. L’objectif ? Dynamiser une collaboration déjà solide et ouvrir de nouvelles perspectives.  


Au cœur des échanges : la mise en œuvre de la stratégie nationale (Document de stratégie pays 2023-2027) et la Vision 2035, qui vise à faire de Djibouti un pôle économique incontournable entre l’Afrique de l’Est, le Golfe et l’Asie. Les thèmes clés ( résilience, diversification, intégration régionale et bonne gouvernance ) ont rythmé les discussions, avec une priorité affirmée : passer à l’action.  



Les infrastructures restent un axe majeur, mais pas seulement pour leur dimension technique. Pour le ministre Dawaleh, elles incarnent une véritable stratégie de souveraineté et d’équilibre territorial.  « Routes, électrification rurale, urbanisme maîtrisé… Il s’agit d’assurer la mobilité, l’accès à l’énergie, et donc à la dignité », a-t-il souligné. Une vision partagée par le Dr. Sherif, qui a salué les progrès réalisés, notamment autour des zones franches et du port de Doraleh.  


Les projets prioritaires pour 2025 ont également été abordés, avec un accent sur la résilience climatique, l’économie verte et l’innovation logistique. Le Dr. Sherif a insisté sur l’importance d’une gouvernance transparente et d’un suivi rigoureux des projets financés.  « Une gestion exemplaire conditionne l’accès aux ressources »,  a-t-il rappelé.  


Cette rencontre intervient à un moment clé, à quelques semaines de l’élection présidentielle de la BAD, qui orientera les politiques de développement en Afrique. Pour Djibouti, l’enjeu est de taille : affirmer son rôle et capter les financements structurants.  



Enfin, le ministre IMD  a résumé l’ambition du jour :  «  Cette discussion ouvre la voie à une meilleure convergence entre nos priorités nationales et les instruments de la BAD, pour une croissance résiliente et partagée. » Le Dr. Sherif a, quant à lui, salué la “ maturité institutionnelle ”de Djibouti.  



Sur ce , dans une Afrique qui bouge, Djibouti ne suit pas la cadence : il l’impose, en traçant avec audace les contours de son propre destin.



jeudi 3 avril 2025

“Notre succès est bâti sur nos valeurs cardinales ”

  Entretien exclusif d’African Business avec S.E. Ismail Omar Guelleh, Président de la République de Djibouti


Djibouti échappe aux classifications simplistes. Petit État sans ressources naturelles, hormis son emplacement stratégique à l’entrée de la mer Rouge, il se distingue par sa stabilité politique et économique, malgré son ancrage dans l’une des régions les plus instables du monde. Ce succès repose en grande partie sur son leadership, incarné par le président Ismail Omar Guelleh, réélu en 2021.

Grâce à une diplomatie habile et une vision stratégique ancrée dans les réalités nationales et internationales, le président et son équipe ont su naviguer à travers les turbulences régionales, assurant une croissance soutenue, estimée à 7 % cette année selon la Banque mondiale.


En modernisant l’administration et en renforçant l’attractivité du pays pour les investisseurs, Djibouti se rapproche de son ambition de devenir le “Singapour de l’Afrique”, un objectif inscrit dans sa stratégie Vision 2035. Dans cet entretien, le président Ismail Omar Guelleh revient sur les défis géopolitiques actuels et leur impact sur Djibouti et l’Afrique, tout en détaillant les avancées de cette vision ambitieuse.




Nous assistons à l'émergence de puissances moyennes, de nouvelles économies à forte croissance, une Europe affaiblie et des États-Unis changeant la donne. Qu'est-ce que cela signifie pour Djibouti en termes de partenariats étrangers à moyen et long terme ?


Il est vrai que l'une des transformations profondes qui caractérisent notre monde est le fait qu'il est de plus en plus marqué par un bouleversement géopolitique.  

L'ordre mondial établi après la Seconde Guerre mondiale, qui a longtemps garanti un certain équilibre basé sur le multilatéralisme, se désintègre clairement sous l'effet de partenariats triomphalistes fondés sur les intérêts immédiats des États et non sur la construction d'une société de nations.  

Le retour d'un nationalisme débridé dans plusieurs régions du monde et l'émergence de nouveaux défis dans un contexte d'épuisement et de dégradation des ressources disponibles ; tout cela semble conduire les nations du monde vers des pratiques diplomatiques exclusivement motivées par la cupidité.  

Dans cette nouvelle situation, Djibouti, comme tout autre pays, est contraint de compter d'abord sur lui-même. Cela signifie qu'il doit répondre à tous ses besoins et à son développement à partir de dispositions intrinsèques qui lui sont propres.  

À cette fin, la politique largement approuvée de contrôle des dépenses est complétée par les vertus d'un fonds souverain mis en place pour garantir au pays des sources de financement viables pour les projets définis pour son développement.  

Comme le développement de Djibouti est également lié en partie au commerce et à la coopération avec d'autres pays, nous choisirons nos partenaires en fonction de leur capacité à souscrire à des relations fondées sur le respect de la souveraineté des États et la recherche de gains mutuels.


Djibouti, malgré l'absence de ressources naturelles, est devenu l'un des pays les plus stables d'Afrique, grâce au leadership diplomatique du président Ismail Omar Guelleh. 

 


Des désaccords persistent sur le financement climatique, et les États-Unis se sont retirés de l'Accord de Paris. Quelle devrait être la position de l'Afrique pour s'adapter au changement climatique, face aux menaces que représentent l'élévation du niveau de la mer, les sécheresses, les inondations et les cyclones ?


Il est vrai que le changement climatique figure depuis un certain temps parmi les principales préoccupations mondiales. Ses conséquences sont telles qu'il provoque des catastrophes naturelles dévastatrices, notamment des sécheresses, des inondations, des vagues de chaleur extrême, l'érosion des sols, et bien plus encore.  


Le phénomène du changement climatique ne se limite pas à exposer l'humanité à des températures toujours plus élevées, il entraîne également une détérioration des conditions économiques et des moyens de subsistance des sociétés contemporaines.  


Les conséquences du changement climatique sont d'autant plus graves en Afrique que ce continent subit de plein fouet ses effets négatifs, bien qu'il soit loin d'être parmi les principaux émetteurs de gaz à effet de serre dans le monde.  


Face à l'urgence climatique, l'Afrique est obligée d'adopter des énergies propres. Cette transition énergétique nécessite des financements considérables, que le continent peine à mobiliser en raison des pénuries de capitaux et des conditionnalités de plus en plus strictes imposées par les institutions financières multilatérales.  


Dans ce contexte spécifique, il appartient à l'Afrique d'assurer son adaptation énergétique grâce aux investissements issus du fonds de compensation promis par les nations développées aux pays en développement, en particulier africains, conformément au principe de solidarité internationale active en matière de changement climatique. Le fonds promis à Sharm el-Sheikh doit passer des intentions et des accords à la réalité. Pour y parvenir, l'Afrique doit continuer à user de son plaidoyer unifié pour que ces engagements deviennent contraignants.  


La question des bases militaires revient souvent lorsqu'on parle de Djibouti. Plusieurs baux sont en cours de renégociation. Comment obtenir de meilleurs accords, financièrement et militairement, pour que Djibouti obtienne sa juste part et préserve sa souveraineté ?


Le choix de notre pays pour accueillir des bases militaires appartenant aux grandes puissances mondiales est avant tout le résultat d'une combinaison de facteurs.  


La stabilité politique qui caractérise continuellement notre pays ; sa position géographique stratégique au carrefour de plusieurs régions économiques ; sa proximité avec les voies de navigation essentielles au commerce mondial ; et son rôle privilégié dans la surveillance, la régulation et la gestion des questions de sécurité à l'échelle internationale : voilà autant de raisons qui poussent les grandes puissances à établir des bases chez nous. Ces facteurs expliquent l'afflux de puissances militaires dans notre pays, et non une volonté de notre part de monétiser notre position géostratégique en louant des bases.  


D'ailleurs, la preuve que l'aspect pécuniaire est loin d'être décisif pour Djibouti dans l'hébergement de ces bases réside dans le fait que leurs revenus ne représentent même pas 10 % de notre budget. Cependant, nous soutenons pleinement ces partenariats pour d'autres raisons stratégiques, notamment leur capacité à prévenir, réguler et réprimer les dangers transfrontaliers particulièrement présents dans cette partie du monde, contribuant ainsi à renforcer la stabilité de notre région.  


En parlant de stabilité, la Corne de l'Afrique connaît une relative accalmie, mais la situation reste précaire. Quelle est votre analyse de la région, et quelles opportunités pourraient émerger en cas d'accords au Soudan, en Éthiopie, en Érythrée et ailleurs ?


Il est vrai que notre région, la Corne de l'Afrique, a longtemps été marquée par une instabilité chronique et des conflits répétés. La République de Djibouti s'est toujours efforcée d'œuvrer pour la stabilisation de cette partie du monde – non par matérialisme, mais en respectant le principe de neutralité dans les affaires intérieures des États voisins et en offrant une plateforme de dialogue aux acteurs des crises qui éclatent dans les pays de la région.  


Je tiens à souligner que notre engagement constant en faveur de la paix dans la région repose sur notre conviction ferme qu'une intégration économique réussie est impossible sans une stabilité durable dans toute la Corne de l'Afrique.  

Djibouti est d'autant plus déterminé à agir pour le développement de la région de la Corne de l'Afrique, qui dispose de tous les atouts nécessaires à son développement mais dont la croissance et l'influence dépendent de l'instauration définitive d'une stabilité durable.


 

Comment comptez-vous accélérer la diversification économique de Djibouti au-delà des ports ? Quel rôle voyez-vous pour le gouvernement et le secteur privé dans cette transformation ?


L'État a joué un rôle essentiel dans le développement des infrastructures stratégiques (ports, chemins de fer, télécommunications, énergie), en réalisant des investissements massifs. La prochaine phase doit évoluer vers une réforme des entreprises publiques pour accroître leur efficacité, tout en ouvrant la voie à des politiques sectorielles ciblées visant à développer des secteurs complémentaires tels que la logistique, les services financiers, les énergies renouvelables, l'industrie légère, l'économie numérique et le tourisme.  


Un secteur privé dynamique et robuste est fondamental pour l'emploi et la compétitivité. Djibouti doit capitaliser sur ses zones franches pour attirer des industries manufacturières et technologiques. Il doit exploiter sa connectivité numérique exceptionnelle pour développer des services innovants, ainsi que son potentiel géothermique, solaire et éolien pour diversifier son économie et réduire sa dépendance énergétique et ses coûts.  


Malgré les crises régionales et internationales, ainsi que la pandémie de COVID, nous avons réussi à maintenir une stabilité économique par tous les standards et indicateurs. Le maintien de l'équilibre macroéconomique et de la résilience reste au cœur de notre politique gouvernementale et de nos objectifs. Nous accordons une attention particulière à la gestion prudente de la dette, en diversifiant nos sources de financement.  


Nous sommes également encouragés par les progrès réalisés dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), car une intégration économique régionale accrue permettra à tous les pays de bénéficier des opportunités du marché africain et renforcera nos liens avec l'Éthiopie et d'autres marchés.  


Des investisseurs de Chine, de Malaisie, d'Arabie saoudite et de nombreux autres pays ont visité Djibouti pour explorer des opportunités d'investissement. Ces visites débouchent-elles sur des résultats concrets ?


Ces discussions avec les investisseurs nous permettent de promouvoir notre position géostratégique sur les routes maritimes internationales, de renforcer Djibouti en tant que plateforme logistique régionale et continentale clé, et d'encourager les investissements directs étrangers qui donneront des résultats tangibles. Tous en reconnaissent le potentiel.  


Où en est le plan Vision 2035, dont vous êtes à mi-parcours ? Êtes-vous sur la bonne voie ?


Depuis 2015, Djibouti suit une stratégie de développement alignée sur la Vision 2035. Le premier plan (2015-2019) a permis la construction d'infrastructures modernes importantes et a jeté les bases de notre performance économique solide. Le deuxième plan (2020-2024) a abordé les défis sociaux et les inégalités, en se concentrant sur la résilience face aux chocs climatiques et économiques. Une évaluation globale est en cours pour mesurer les résultats et guider le troisième plan (2025-2039).  


Le jeune Fonds souverain (FSD) a lancé le Forum de Djibouti l'année dernière. Quel message souhaitez-vous adresser aux investisseurs à l'occasion de la deuxième édition ?


Le Forum doit devenir le lieu de rencontre des grandes opportunités, réalisations et réussites pour tous les secteurs de notre économie, ainsi qu'une plateforme pour les investisseurs nationaux et internationaux. Je suis convaincu que l'édition de cette année, ainsi que les suivantes, serviront de catalyseur pour des discussions stratégiques sur les réformes et l'amélioration du climat des affaires.  


Êtes-vous préoccupé par l'avènement de l'intelligence artificielle et le risque que l'Afrique soit une fois de plus laissée pour compte ?


L'intelligence artificielle représente à la fois un défi et une opportunité pour l'Afrique. À Djibouti, nous sommes conscients des risques liés à l'automatisation et à l'évolution du marché du travail, en particulier pour les jeunes. Cependant, nous voyons également l'IA comme un levier considérable de développement. En investissant dans la formation, l'innovation et les infrastructures numériques, l'Afrique peut non seulement rattraper son retard, mais aussi créer un nouveau paradigme économique et des opportunités sociales. L'essentiel est d'anticiper ces transformations et d'accompagner notre jeunesse vers les emplois de demain.  


 







Djibouti, au cœur des enjeux régionaux

 Édito 


Dans les ballets subtils des relations internationales, certaines rencontres ont une portée qui va bien au-delà des simples formalités. Ce mercredi, le Palais de la République a été le cadre d’un de ces moments où la diplomatie rencontre la realpolitik.  


D’un côté, il y a eu la visite éclair du président somalien Hassan Cheikh Mahamoud, venu discuter avec son homologue djiboutien  de la stabilité et de la reconstruction de son pays. De l’autre, la politique étrangère de Djibouti a pris un nouveau tournant avec la nomination officielle du nouveau ministre des Affaires étrangères, Abdoulkader Houssein Omar. Deux événements distincts, mais qui, pris ensemble, dessinent la place unique qu’occupe Djibouti dans la région.  



Depuis plus de vingt ans, Djibouti est un point d’ancrage pour une Somalie en quête de stabilité. À chaque crise, Mogadiscio se tourne vers Ismaïl Omar Guelleh ; non pas pour des gestes symboliques, mais pour un soutien concret, à la fois politique, fraternel économique et sécuritaire. Les discussions de ce mercredi s’inscrivent dans cette tradition, confirmant une fois encore que Djibouti reste l’allié naturel et le garant de la stabilité somalienne.  


Mais cette rencontre va au-delà de la seule Somalie. Elle illustre le rôle plus large que joue Djibouti dans la région. À la tête de l’IGAD, S.E Ismaïl Omar Guelleh travaille discrètement, comme le font souvent les artisans de la paix, pour maintenir un équilibre fragile dans une zone marquée par des tensions récurrentes. Sa priorité ? Éviter les fractures durables et favoriser l’intégration régionale.  



C’est dans cette logique que le président Guelleh a plus tôt dans la matinée , rappelé les grandes orientations de sa politique étrangère en donnant ses instructions au nouveau ministre. Le message est clair : renforcer l’influence de Djibouti dans son environnement proche et élargir ses alliances, sans jamais perdre de vue la paix et le développement.  


La prise de fonction d’Abdoulkader Houssein Omar arrive à un moment crucial. Alors que les équilibres géopolitiques de la région évoluent sous l’effet de nouvelles dynamiques économiques et sécuritaires, Djibouti doit affirmer son rôle de médiateur et de pivot stratégique. Cela suppose une diplomatie agile, capable de dialoguer avec tous, mais aussi une vision économique ambitieuse, à l’heure où l’intégration africaine devient une nécessité plus qu’un simple idéal.  


En recevant son homologue somalien et en traçant les lignes de sa politique étrangère, le président Guelleh a envoyé un message clair : Djibouti garde la main dans la région, fidèle à sa doctrine de stabilité et de coopération. Une constance rare, et précieuse, en ces temps d’incertitudes.  


 

Les télégrammes de félicitation affluent à la Présidence de la République à l'occasion de la Fête nationale

  À l'occasion de la célébration de l'anniversaire de l'Indépendance de la République de Djibouti, de nombreux dirigeants du mon...