vendredi 29 novembre 2024

Djibouti en marche pour des valeurs transparentes

 Éditorial

Sous le soleil matinal d’Arta, une foule bigarrée s’est élancée sur les sentiers escarpés de la 18ᵉ édition de la randonnée pédestre Africa Walk Peace. Ce rendez-vous annuel, désormais gravé dans le calendrier national, s’est cette année attaché à un thème aussi ambitieux qu’urgent : « Luttons contre la corruption ». Loin d’être un simple événement sportif, cette marche incarne une dynamique sociale et politique qui illustre le lien croissant entre le sport et les grands défis du développement.



Le décor, planté dans la région d’Arta, est révélateur. C’est ici, sur cette terre symbole de sérénité et d’harmonie, que des citoyens de tous horizons ont répondu à l’appel, vêtus de blanc, dans une démonstration collective d’engagement pour une société plus transparente. Aux côtés des habitants, des figures de l’État : S.E. Hassan Mohamed Kamil, Secrétaire d’État chargé des Sports, Mme Badria Zakaria Cheik Ibrahim, présidente de la CNIPLC, ou encore des ministres  comme S.E. Saïd Nouh et S.E. Mohamed Warsama. Leur présence conjointe transcende le protocole, affirmant une volonté politique de faire de la lutte contre la corruption une cause transversale.


Mais au-delà des slogans et des discours officiels, ce qui frappe dans cette initiative, c’est sa portée pédagogique. La corruption, souvent perçue comme une fatalité immuable, trouve ici un adversaire inattendu : la mobilisation populaire. À travers cette randonnée, Djibouti prouve que sensibiliser ne se limite pas à de longues conférences ou à des campagnes médiatiques aseptisées. Une marche peut, elle aussi, être un acte politique. Dans la simplicité de ce geste collectif, un message puissant s’esquisse : le changement commence par le mouvement.



Les 15 kilomètres de sentiers parcourus par les plus aguerris et les 5 kilomètres réservés aux novices témoignent de l’effort partagé, mais aussi de l’inclusivité recherchée. Chacun, quel que soit son niveau, peut contribuer à cette cause commune. Ce principe d’inclusion résonne avec l’objectif même de la lutte contre la corruption : rendre les institutions accessibles, transparentes et équitables pour tous.


L’initiative prend une dimension supplémentaire dans un contexte où les enjeux de gouvernance sont de plus en plus scrutés. La corruption, ce fléau qui gangrène les économies et sape la confiance des citoyens, ne peut être combattue sans un engagement collectif. La randonnée d’Arta s’impose alors comme un modèle : un espace de rencontre où la société civile, les acteurs publics et les institutions internationales marchent, littéralement, dans la même direction.


Par ailleurs, les retombées potentielles de la randonnée Africa Walk Peace s’étendent bien au-delà de l’aspect sportif. Sur le plan social, l’événement favorise une prise de conscience collective autour des méfaits de la corruption, en ancrant cette problématique dans un cadre inclusif et accessible à tous. Sur le plan institutionnel, il renforce la crédibilité des initiatives publiques en matière de gouvernance et de transparence, tout en favorisant une synergie entre les différents acteurs : citoyens, décideurs politiques et partenaires internationaux. Enfin, sur le plan économique, la randonnée contribue à dynamiser la région d’Arta en attirant des participants venus de tout le pays et au-delà, stimulant ainsi le tourisme local et le développement des infrastructures. En combinant sport, sensibilisation et mobilisation, cet événement se positionne comme un modèle reproductible pour des campagnes de plaidoyer efficaces et rassembleuses.



Le Secrétaire d’État chargé des Sports S/E Hassan Mohamed Kamil , en déclarant sa « grande satisfaction », a souligné un point essentiel : l’espoir. Cette randonnée est bien plus qu’un événement ponctuel ; elle est le reflet d’un pays qui, à travers le sport, cherche à réinventer son rapport aux valeurs. Et en honorant les grands marcheurs des éditions passées, Djibouti ancre son initiative dans le temps, valorisant la mémoire collective et la transmission.



Alors, que retenir de cette matinée sous le ciel bleu d’Arta ? Que marcher, ensemble, peut être un acte de résistance. Que le sport, souvent cantonné au loisir, peut devenir un outil de transformation sociale. Et surtout, que Djibouti, dans cette quête d’intégrité, offre au continent un exemple inspirant. L’Afrique ne manque pas de défis, mais elle regorge aussi d’idées. L’Africa Walk Peace, avec sa simplicité désarmante et sa portée symbolique, en est une éclatante démonstration.

Célébration des 50 ans de l’écriture de la langue afar

 Le 1er décembre 2024, Djibouti marquera un événement historique : le cinquantenaire de l’écriture de la langue afar. Ce jalon célèbre la codification et l’officialisation de l’alphabet afar, un moment clé dans l’histoire linguistique et culturelle de ce peuple nomade, réparti entre Djibouti, l’Éthiopie et l’Érythrée.



Avant 1974, la langue afar, transmise essentiellement par voie orale, manquait d’un système d’écriture unifié. Bien qu’elle soit une langue riche en poésie, chants et traditions orales, l’absence d’un alphabet standard entravait sa préservation et son développement. C’est sous l’impulsion de linguistes afar et d’intellectuels locaux qu’un effort collectif a permis la création d’un alphabet adapté, basé sur les caractères latins, facilitant ainsi son apprentissage et son utilisation. La célèbre association UDC avait été l’un des initiateurs de ce projet qui avait vu le jour en 1974 . 


Cet effort s’inscrivait dans une volonté plus large d’émancipation culturelle et politique des peuples afar. Avec l’écriture, la langue afar a pu être utilisée dans les écoles, les médias et les publications officielles, renforçant l’identité culturelle et la transmission intergénérationnelle.


La langue afar joue un rôle central dans la préservation des traditions et des connaissances ancestrales. Cependant, elle reste confrontée à des défis : la mondialisation, l’urbanisation et la domination des langues officielles comme le français, l’arabe et l’amharique menacent son usage quotidien.


Depuis les années 2000, des initiatives ont vu le jour pour revitaliser la langue afar, notamment à travers des programmes éducatifs, des publications littéraires et l’intégration de la langue dans les nouvelles technologies. Les jeunes générations, de plus en plus sensibilisées à l’importance de leur héritage linguistique, jouent un rôle clé dans cet effort.


À Djibouti, les festivités prévues pour le 1er décembre comprendront des conférences, des expositions, des représentations artistiques et des discussions sur l’avenir de la langue afar. Des intellectuels, des artistes et des leaders communautaires y participeront pour rendre hommage à ce demi-siècle d’écriture et souligner l’importance de préserver et de promouvoir cette langue dans un monde en constante évolution.


La célébration des 50 ans de l’écriture afar n’est pas seulement un regard sur le passé, mais aussi un engagement pour l’avenir. À travers cette langue, les Afars continuent d’affirmer leur place dans le paysage culturel et linguistique de la Corne de l’Afrique, tout en rappelant au monde l’importance de la diversité linguistique comme richesse universelle.


Cet anniversaire est donc un appel à l’action : investir davantage dans l’éducation en langue afar, soutenir les initiatives culturelles et renforcer les outils technologiques pour garantir que cette langue ancestrale reste vivante et vibrante pour les générations futures.

Le Djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, médiateur en chef dans la Corne de l’Afrique

 Guerre au Soudan, tensions en Éthiopie, différends entre Somalie et Somaliland, attaques houthistes depuis le Yémen… Le chef de l’État djiboutien tente d’apaiser les crises qui menacent l’est du continent. Même si, pour 2024, son plus beau succès porte sur la reconduction de l’accord de défense avec la France. Avant l’élection, peut-être, en février 2025, de son chef de la diplomatie à la tête de la Commission de l’UA.


Force est de constater que, en presque un demi-siècle d’existence, Djibouti a réussi à se forger une place sur les scènes diplomatiques régionales et internationales, sans commune mesure avec sa superficie ou le poids de sa population. Cette « diplomatie de géant d’un petit État » – pour reprendre le titre de l’ouvrage consacré au sujet en 2020 par l’universitaire française Sonia Le Gouriellec – s’est à nouveau confirmée ces derniers mois, à mesure que Djibouti s’impliquait dans le conflit au Soudan, dans les différends qui opposent depuis toujours l’Éthiopie à la Somalie, ainsi que dans les différends entre la Somalie et les sécessionnistes somalilandais. À chaque fois, aux avant-postes des négociations, le président Ismaïl Omar Guelleh (IOG) en personne.

Sans échéance électorale significative dans son pays avant la prochaine présidentielle (prévue en 2026), à bientôt 77 ans, le chef de l’État peut donc s’appuyer sur son image de sage pour donner toute sa mesure à l’international. Il dispose également du mandat pour cela, puisque, depuis juin 2023, il assure la présidence tournante de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), basée à Djibouti, qui compte aussi parmi ses membres l’Éthiopie, le Kenya, la Somalie, l’Ouganda, l’Érythrée (depuis 2023), le Soudan du Sud et le Soudan, qui a suspendu son adhésion début janvier 2024. Et il faut reconnaître que, depuis qu’IOG en a pris la tête, l’organisation sous-régionale fait montre d’une activité quasiment inédite depuis sa création, en 1986.



 Une Corne de l’Afrique sous très haute tension


Îlot de stabilité au cœur d’une région sous très haute tension, Djibouti a accueilli au cours des dernières années de nombreux pourparlers de paix, placés sous l’égide d’un président Guelleh qui, après bientôt vingt-cinq ans au pouvoir, a su tisser des liens de confiance et de proximité avec la plupart des chefs d’État voisins, exception faite de l’Érythréen Issayas Afewerki.

Les résultats diplomatiques enregistrés par les différents acteurs sont pourtant, au mieux, mitigés. C’est le cas concernant le Soudan où, après dix-huit mois de combats, aucune solution politique ne semble émerger. Inquiet des risques de contagion dans la région, IOG a cependant donné de sa personne, dès les premiers jours de la guerre civile, pour tenter d’imposer une médiation de l’Igad aux deux protagonistes, mais sans succès. Si Abdel Fattah al-Burhane, le président de la transition, s’est bien rendu à Djibouti pour discuter d’une telle éventualité, son rival, Mohamed Hamdan Dogolo, dit Hemetti, s’y est jusqu’à présent toujours refusé. Et alors que ce conflit devient le plus meurtrier d’Afrique à l’heure actuelle, son éventuel règlement pourrait bien échapper au continent.

Investi de longue date dans les crises à répétition qui divisent la Somalie voisine, IOG a bien cru toucher au but en réunissant autour de lui, le 29 décembre 2023, le président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, et celui de la République autoproclamée du Somaliland, Muse Bihi Abdi. Alors que les deux hommes venaient de s’accorder à Djibouti pour relancer des pourparlers qui étaient au point mort depuis 2020, le leader somalilandais surprenait tout le monde en s’envolant directement pour Addis-Abeba et, moins de quarante-huit heures plus tard, signait avec le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, un protocole d’accord (MoU) qui, depuis, a sérieusement ravivé les tensions à travers la Corne de l’Afrique et au-delà.

Les détails n’ont toujours pas été rendus publics, mais l’Éthiopie obtiendrait la concession pour cinquante ans d’une bande de littoral de 12 miles, arrachant ainsi l’accès maritime qu’elle réclame depuis des mois, contre la reconnaissance formelle du Somaliland. Un deal inacceptable pour le président somalien, qui a qualifié cet accord d’« acte d’agression » de la part de l’Éthiopie, accusée de vouloir rallumer les braises enfouies depuis cinquante ans sous les sables de l’Ogaden. À Djibouti, si un communiqué faisait part « de la grande préoccupation » de la présidence, le ton était tout autre en coulisse : « IOG est furieux », nous confiait alors un diplomate.

 *Addis-Abeba, premier partenaire* 

Le président Guelleh a pourtant rapidement repris la main sur ce dossier ô combien incandescent. Pendant que Mogadiscio faisait encore grimper la pression d’un cran en recevant sur son sol des troupes égyptiennes fin août, Djibouti cherchait de son côté à apaiser la situation en proposant aux Éthiopiens, début septembre, la cogestion de son port de Tadjourah, situé dans le nord du pays. Là encore, les modalités restent à définir et si la « proposition est sincère », ainsi que l’assure la présidence djiboutienne, celle-ci attendait toujours une première réaction des Éthiopiens à la mi-novembre.

L’objectif est double pour Djibouti, qui espère ainsi renforcer ses liens avec son principal partenaire commercial et économique, tout en portant un coup sévère aux ambitions affichées ces derniers mois par le port somalilandais de Berbera de menacer à terme ses propres intérêts maritimes.  L’autorité portuaire de Djibouti n’a de toute façon pas attendu l’initiative du président Guelleh pour enterrer, définitivement semble-t-il, une éventuelle concurrence de son voisin.


Désireux de ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier, tout en répondant aux provocations d’Abiy Ahmed qui accusent leurs ports de tous les maux économiques de son pays, les responsables djiboutiens n’ont eu de cesse ces dernières années, de réorienter les activités de leurs terminaux. Si, depuis 1993 et l’indépendance érythréenne, les ports djiboutiens traitent chaque année près de 80 % des flux de marchandises éthiopiens, ils ont entamé depuis la pandémie leur mue, pour devenir aujourd’hui le principal terminal de transbordement de la sous-région.

En 2024, les volumes transbordés ont représenté 50 % des trafics conteneurisés traités par le port de Doraleh, contre moins de 30 % dans un passé récent, alors que durant les douze derniers mois le nombre d’équivalents-vingt-pieds (EVP) a augmenté de 35 % pour dépasser le million de boîtes manutentionnées. « Djibouti fait en un mois et demi le trafic annuel de Berbera », résume Aboubaker Omar Hadi, le patron tout-puissant des ports djiboutiens.

Djibouti a également profité des fortes perturbations du trafic maritime en mer Rouge, provoquées depuis un an par les attaques des rebelles houthistes du Yémen, pour s’imposer comme une escale portuaire incontournable dans le détroit de Bab-el-Mandeb. Le port n’a eu de cesse de compléter et d’améliorer ses services aux navires, tout en investissant lourdement dans du matériel de manutention flambant neuf et dimensionné pour traiter les géants des mers de dernière génération. « Aucun navire ne doit rester plus de douze heures à quai », insiste encore le président de l’autorité portuaire.


Dans le même temps, le pays a aussi tiré parti de cette crise et de sa géographie pour renforcer son rôle militaire dans la région. Les États-Unis n’ont peut-être pas été autorisés à faire décoller depuis leur base djiboutienne les avions et les drones utilisés dans le cadre de l’opération Gardien de la prospérité, mais, depuis février 2024, l’Union européenne peut positionner ses bâtiments de guerre affectés à l’opération Aspides, l’opération d’escorte aux navires marchands, dans les bassins du vieux port.

 

Entre Paris et Djibouti, un nouvel accord de défense… Et un loyer revu à la hausse


Si les fruits de son implication dans la résolution des différents conflits régionaux continuent de se faire attendre, la diplomatie djiboutienne a enregistré un beau succès cette année, en réussissant à trouver un nouvel accord de défense avec la France. Les tractations ont duré plus de deux ans et ont nécessité plusieurs allers et retours entre Paris et Djibouti, mais les deux côtés semblent avoir obtenu ce qu’ils cherchaient, à savoir pour l’un, un point d’appui aérien et maritime sur l’Afrique, le Moyen-Orient et l’océan Indien, pour l’autre, une garantie de sa propre sécurité.

Mais pas à n’importe quel prix pour les Djiboutiens qui, de l’avis même de certains collaborateurs du président Guelleh, ne voulaient pas « subventionner la présence française ». En jeu : le montant du loyer payé chaque année par la France pour disposer de sa base, que Djibouti voulait absolument revoir à la hausse. Mission accomplie puisque, selon plusieurs sources concordantes, le montant du loyer pourrait atteindre près de 85 millions d’euros, contre une trentaine de millions auparavant. Signé à la fin de juillet par Emmanuel Macron et Ismaïl Omar Guelleh, à Paris, en marge de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, l’accord doit encore être ratifié par les parlements des deux pays avant sa mise en œuvre.

Enfin, comme un symbole de l’activisme djiboutien en matière de diplomatie, son chef, Mahamoud Ali Youssouf, postule la présidence de la Commission de l’Union africaine pour succéder au Tchadien Moussa Faki Mahamat, avec de bonnes chances de l’emporter. « C’est un cadeau que Djibouti ferait à l’Afrique », estime l’un de ses collègues du gouvernement. Réponse lors du 38 sommet de l’organisation panafricaine, à Addis-Abeba, en février 2025.


 Source : Olivier Caslin - Envoyé spécial à Djibouti_

Publié le 27 novembre 2024

 Jeune Afrique 

jeudi 28 novembre 2024

Djibouti, carrefour des idées et bastion de l’intégration régionale

 Éditorial

Dans un monde fracturé, en quête de repères et de solutions durables, Djibouti s’impose comme un phare d’espérance et de dialogue. Le dîner officiel offert par le Président de la République, Son Excellence Ismaïl Omar Guelleh, en l’honneur des participants au 8ᵉ Forum de l’Institut « Heritage », témoigne une fois encore du rôle stratégique de ce havre de paix de la Corne de l’Afrique. Djibouti, à l’intersection des continents et des civilisations, ne se contente pas de porter son poids géographique ; il s’érige en pilier moral et intellectuel d’une région en quête de stabilité et de progrès.



L’Institut « Heritage », avec son ambition de panser les plaies de la Somalie et d’imaginer un avenir viable pour cette nation sœur, trouve à Djibouti un terreau fertile. Depuis sa création, cet espace de réflexion se nourrit d’une méthode rigoureuse, combinant expertise locale et ouverture internationale. Mais pourquoi Djibouti ? Pourquoi cet attachement si constant à offrir le cadre, les ressources et l’hospitalité à un think tank qui travaille, avant tout, à la reconstruction somalienne ?


En effet, la réponse tient dans l’ADN diplomatique de la République de Djibouti. Dès les premières années de son indépendance, ce pays a adopté une posture de médiateur régional, transcendant ses dimensions modestes pour bâtir des ponts entre ses voisins. Le Président Guelleh, avec une habileté qui force le respect, a maintenu cette tradition en soutenant toutes les initiatives axées sur la paix, l’intégration et le développement. Accueillir l’Institut « Heritage » ne relève donc pas du hasard, mais d’une vision : celle du leadership d’un chef d’Etat et d’une Nation acteur incontournable des dynamiques régionales.



Le thème choisi pour cette 8ᵉ édition, « Promouvoir la stabilité régionale : l’importance de la coopération fondée sur des règles, du commerce et de la paix », cristallise les défis urgents de la Corne de l’Afrique. À l’heure où le commerce et l’intégration économique s’imposent comme leviers essentiels de transformation, la sécurité et la gouvernance demeurent des préalables indissociables. Les débats du forum, riches et multidimensionnels, ont rappelé combien les solutions aux maux de la région nécessitent une approche collective, transcendant les frontières et les clivages.


La République Djibouti, en tant qu’hôte, a réaffirmé sa vocation : celle d’être un espace de convergence où politiques, intellectuels, figures coutumières, et société civile peuvent dialoguer. Plus qu’un lieu, Djibouti est une idée, un symbole. Dans cette région souvent tourmentée par l’instabilité et les luttes fratricides, il incarne la persévérance et l’ambition d’un avenir commun.



Le président Guelleh, dans son hommage aux artisans de l’Institut « Heritage », a rendu une vérité simple mais puissante : c’est la foi des hommes et des femmes dans leur capacité à bâtir qui fera la différence. Ce courage « effréné », cette quête « inébranlable » pour imaginer une Somalie prospère, reflète les valeurs mêmes que Djibouti promeut depuis des décennies. En s’érigeant en partenaire fidèle et indéfectible de cet effort collectif, Djibouti ne se contente pas de jouer son rôle. Il écrit, page après page, l’histoire d’une région qui, contre vents et marées, refuse de céder au fatalisme.



Enfin, l’institut « Heritage » a, certes, encore un long chemin à parcourir. Mais en offrant à Djibouti son cadre, sa méthode et son engagement, il participe d’un mouvement plus large. Celui de la Corne de l’Afrique qui se réinvente, en prenant appui sur ses racines pour dessiner un horizon nouveau. Et dans cette odyssée, Djibouti demeurera, comme toujours, le port d’attache des rêves collectifs.

La CNIPCL au cœur des initiatives anticorruption de l'OCI

 La lutte contre la corruption, ce mal endémique qui ronge les institutions et freine le développement, s’impose aujourd’hui comme une priorité internationale. Dans ce contexte, Djibouti marque une fois de plus sa détermination à s’impliquer activement sur la scène diplomatique. En témoigne la participation de Madame Badria Zakaria Cheick Ibrahim, Présidente de la Commission Nationale Indépendante pour la Prévention et la Lutte contre la Corruption (CNIPLC), à la deuxième réunion ministérielle des organismes anticorruption des États membres de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), tenue à Doha, les 26 et 27 novembre 2024.


Madame Badria Zakaria Cheick Ibrahim, Présidente de la Commission Nationale Indépendante pour la Prévention et la Lutte contre la Corruption (CNIPLC)

Accompagnée d’une délégation de haut niveau, composée notamment de spécialistes des questions de coopération internationale et de restitution des avoirs, Madame Cheick Ibrahim a porté la voix de Djibouti dans des débats cruciaux pour l’avenir de la lutte contre la corruption au sein du monde islamique. L’ordre du jour de cette réunion ministérielle illustrait bien l’ambition collective des États membres : faire de la transparence une norme et de l’intégrité un levier de développement.


Trois projets de résolutions majeurs ont été soumis à l’examen des participants. Le premier, proposé par l’Arabie Saoudite et les Maldives, visait à promouvoir l’intégrité dans le secteur touristique, un domaine souvent vulnérable aux pratiques corruptives en raison de sa nature transnationale. Une telle initiative, bien que ciblée, démontre que la lutte contre la corruption ne se limite pas aux institutions publiques, mais s’étend à tous les secteurs économiques.


Le second projet portait sur la création d’un groupe d’experts intergouvernemental pour superviser la mise en œuvre de la Convention de La Mecque. Ce mécanisme d’examen pourrait devenir un modèle de gouvernance collaborative, si toutefois les États s’engagent à jouer le jeu de la transparence.


Enfin, le troisième projet, centré sur l’élaboration d’indicateurs fiables pour mesurer la corruption, représente un défi méthodologique de taille. Comment quantifier un phénomène par nature opaque ? Ce projet, bien qu’ambitieux, nécessitera des ressources et une volonté politique sans faille.



L’un des temps forts de cette réunion fut la signature, par 21 États membres, de la Convention de Makkah Al Mukarammah. En créant un cadre juridique pour l’échange d’informations et la coopération transfrontalière, cette convention marque une avancée significative. Elle met notamment l’accent sur la restitution des avoirs illégaux, un enjeu essentiel pour les pays dont les richesses sont siphonnées par des réseaux criminels ou des élites corrompues.

Pour Djibouti, pays stratégique à la croisée des routes maritimes et commerciales, ce cadre de coopération représente une opportunité de renforcer ses capacités institutionnelles et de protéger son économie des pratiques illicites.


En marge de la réunion, Madame Badria Zakaria Cheick Ibrahim a multiplié les entretiens bilatéraux avec ses homologues. Ces échanges illustrent une approche proactive et pragmatique : tisser des partenariats solides pour bénéficier des meilleures pratiques et renforcer les outils nationaux de prévention et de répression.


En participant à cette réunion de haut niveau, Djibouti envoie un message clair : la lutte contre la corruption n’est pas seulement une priorité nationale, mais aussi une pierre angulaire de sa diplomatie. La présence de la Première Conseillère de l’Ambassade de Djibouti au Qatar, Madame Zahra Hassan Cheick, témoigne également de l’importance accordée à l’intégration de la lutte anticorruption dans les relations internationales.


Par ailleurs , la participation de la CNIPLC de Djibouti à ce type d’événement international offre des retombées significatives, tant sur le plan institutionnel que stratégique. D’une part, elle permet à la commission de renforcer son réseau de coopération avec des institutions similaires dans les pays membres de l’OCI, ouvrant ainsi la voie à des partenariats bilatéraux et multilatéraux pour l’échange de bonnes pratiques, d’expertise technique et d’assistance dans la récupération des avoirs illicites. D’autre part, cette visibilité internationale positionne la CNIPLC comme un acteur engagé dans la lutte contre la corruption, renforçant sa légitimité sur le plan national et crédibilisant son action auprès des partenaires internationaux. Ces retombées contribuent non seulement à consolider les capacités institutionnelles de la commission, mais aussi à inscrire Djibouti dans une dynamique globale de gouvernance et de transparence, essentielle pour attirer les investisseurs et promouvoir un développement durable.



Enfin , la lutte contre la corruption ne saurait être gagnée par des efforts isolés. Elle nécessite une coordination régionale et internationale, mais surtout un engagement politique fort. Les résolutions adoptées à Doha, bien qu’encourageantes, ne porteront leurs fruits que si elles sont suivies d’actes concrets. Djibouti, en assumant pleinement son rôle sur cette scène, pourrait bien s’affirmer comme un acteur clé dans ce combat global.

mercredi 27 novembre 2024

Hommage au président IOG à l’occasion de son anniversaire

 En ce jour spécial, la République de Djibouti célèbre l’anniversaire de son président, Ismail Omar Guelleh, une figure incontournable dont le leadership a façonné le destin de notre nation. Cet anniversaire est l’occasion de revenir sur le parcours exceptionnel d’un homme dévoué à sa mission et profondément attaché aux valeurs de notre République.


Depuis son accession à la présidence en 1999, Ismail Omar Guelleh s’est illustré comme un bâtisseur visionnaire. Sous sa direction, Djibouti a connu des avancées remarquables dans divers domaines : le développement des infrastructures, la modernisation de l’économie et le renforcement du rôle stratégique du pays dans la région. Animé par une volonté sincère de servir son peuple, il a déclaré : « Je me fais de ma mission. Celle d’être un garant sincère des valeurs de notre République. Celle d’être auprès de chaque Djiboutien, attentif à son besoin. »




Or, le président Guelleh a toujours eu une vision claire de la souveraineté nationale. Dans un monde en mutation, il a su préserver et renforcer l’indépendance de Djibouti tout en ouvrant la voie à des partenariats stratégiques. Ses paroles résonnent comme une promesse envers les générations futures :

« La souveraineté d’un pays ne se conjugue pas seulement au passé. Elle ne se limite pas aux acquis. La souveraineté d’une Nation se décline, aussi et surtout, dans le futur ! Elle tire sa force et sa substance dans le relais générationnel, dans la permanence de ce mémoire collectif qui forge la conscience de chaque citoyen. »


Sur la scène internationale, le président Guelleh est reconnu pour son rôle de médiateur et de défenseur de la stabilité en Afrique de l’Est. Grâce à son leadership, Djibouti s’est imposé comme un acteur clé dans les efforts de paix et une plaque tournante des échanges entre continents.


Alors que Djibouti continue son développement, le président Ismail Omar Guelleh reste un guide inspirant pour son peuple. Ses initiatives visent à bâtir un avenir durable, en renforçant les piliers de la République et en offrant des opportunités aux nouvelles générations.


En ce jour d’anniversaire, nous saluons un homme qui incarne l’espoir, la détermination et la résilience. Nous lui exprimons notre gratitude pour son dévouement et ses réalisations au service de notre nation.


Joyeux anniversaire, M. le Président !

Puisse votre vision continuer à illuminer le chemin de Djibouti vers un avenir radieux.

La deuxième édition de la Foire d’échange sur l’économie bleue : les collectivités locales au cœur des enjeux régionaux

 L’Ayla Grand Hôtel accueille, du 27 au 29 novembre 2024, la deuxième édition de la Foire d’échange de connaissances sur l’économie bleue. Cet événement majeur réunit des experts des États membres de l’IGAD (Autorité intergouvernementale pour le développement), des représentants du secteur privé, des partenaires de développement et des agences gouvernementales autour d’un objectif commun : transformer les vastes ressources marines et côtières de la région en un moteur de développement durable et d’intégration régionale.



Durant ces trois jours, le futur de la Corne de l’Afrique s’écrit sous le signe des eaux, avec une ambition claire : promouvoir une économie bleue inclusive, capable de générer prospérité et résilience tout en préservant l’environnement pour les générations futures.


Placée sous le thème « Investir dans l’économie bleue pour l’intégration régionale », cette édition a vu la participation de hauts responsables tels que le ministre djiboutien de l’Environnement et du Développement durable, M. Mohamed Abdoulka der Moussa Helem, le ministre des Infrastructures et de l’Équipement, M. Hassan Houmed, ainsi que le maire de Djibouti-ville, M. Said Daoud. Des ambassadeurs et des représentants des institutions régionales et internationales se sont également joints à l’événement.



Dans son discours d’ouverture, le maire de Djibouti-ville, M. Said Daoud, a mis en lumière le rôle central des collectivités locales dans la promotion de l’économie bleue. « La mobilisation des acteurs locaux est indispensable pour transformer les ambitions de l’économie bleue en actions concrètes », a-t-il affirmé, appelant à l’élaboration d’une charte politique commune pour les maires des villes membres de l’IGAD.


Il a également partagé les actions concrètes menées par la Mairie de Djibouti pour protéger et valoriser les ressources marines et côtières :

« En tant que ville, nous avons bénéficié directement des initiatives de l’IGAD, notamment pour renforcer nos capacités locales et promouvoir une gestion durable des ressources marines. À travers le projet Zéro Déchet, nous avons entrepris le nettoyage des plages de Siesta et du Héron, renforçant ainsi la résilience de nos écosystèmes. Ces efforts témoignent de notre engagement à préserver nos espaces côtiers pour les générations futures. »



Le maire a également exprimé sa confiance dans les résultats de la foire :

« Je suis convaincu que ces trois jours de discussions et d’échanges traceront une voie claire vers un avenir où nos ressources marines seront utilisées de manière durable pour le bénéfice de tous. »


Cependant, pour que cette ambition se réalise, il est impératif de renforcer les synergies entre les acteurs régionaux. Comme l’a proposé le maire de Djibouti-ville, l’élaboration d’une charte politique pour l’économie bleue, adaptée aux villes membres de l’IGAD, pourrait constituer un socle pour structurer ces efforts. Cette démarche serait un pas décisif pour aligner les politiques locales sur les stratégies régionales, tout en impliquant les populations dans cette transformation.


Le secrétaire exécutif de l’IGAD, Dr Workneh Gebeyehu, a quant à lui rappelé l’importance stratégique de l’économie bleue pour les pays membres, soulignant que ce secteur englobe des opportunités variées, allant de la pêche aux énergies renouvelables, en passant par le tourisme.


Le ministre de l’Environnement, M. Mohamed Abdoulka der Moussa Helem, a conclu en soulignant l’ambition régionale de promouvoir une exploitation durable des ressources marines pour réduire la pauvreté et soutenir la croissance économique.



Outre les interventions des responsables, la foire se distingue par l’exposition d’initiatives concrètes. Les stands des entreprises locales et des pays membres de l’IGAD illustrent les nombreuses opportunités offertes par l’économie bleue.


 L’événement, qui se poursuivra jusqu’au 29 novembre avec des ateliers, des conférences et des rencontres, promet des avancées significatives pour la coopération régionale et le développement durable. À son terme, il devra poser les bases d’actions concrètes et offrir une feuille de route claire pour faire de l’économie bleue un véritable levier d’intégration régionale.


Riche de ses ressources marines, la Corne de l’Afrique a l’opportunité d’écrire un nouveau chapitre de son développement, en conciliant croissance économique, résilience environnementale et solidarité entre ses nations. L’avenir de l’économie bleue repose désormais entre les mains des décideurs, des entreprises et des citoyens. Ensemble, ils ont la responsabilité de tracer une voie durable pour transformer l’horizon marin en symbole de progrès et de prospérité partagée.

Les messages de félicitations affluent de toutes parts pour saluer l’anniversaire de l’Indépendance de #Djibouti

  À l’occasion du 48e anniversaire de l’accession de la République de Djibouti à la souveraineté internationale, les télégrammes de félicita...