Car l’AFT, c’est d’abord cela : un défi lancé au silence et aux fatalités d’hier. Depuis sa fondation en 1998, l’association a œuvré sans relâche contre l’analphabétisme, les mariages précoces , l’excision. Elle a porté, sur ses épaules et dans son souffle, l’idée d’une autre destinée pour les femmes de la région. Ce travail patient, mené dans l’ombre par des militantes souvent invisibles mais inflexibles .
« Il y a vingt-cinq ans, nous semions des graines. Aujourd’hui, nous voyons s’élever une forêt », a déclaré la Première Dame dans une métaphore lumineuse. Elle, qui dès les premières heures fut la marraine de cette entreprise, pouvait mesurer le chemin parcouru. Ce n’était plus une modeste initiative locale, mais un mouvement ancré dans la société, dont les répercussions dépassent aujourd’hui Tadjourah et atteignent les confins du Moussa Ali.
Ainsi les témoignages se sont succédé, portant en eux les récits d’une résistance quotidienne. Ceux des pionnières, comme Hasna Hassan Ali, dont la détermination n’a jamais faibli. Ceux des jeunes générations, héritières d’un combat qui leur a ouvert des portes autrefois closes. La transmission, ici, n’est pas un vain mot : elle s’incarne dans les visages de ces femmes qui, hier encore entravées par des soucis de la vie , s’élèvent aujourd’hui en figures d’émancipation.
Mais ce quart de siècle n’est pas un aboutissement. Les batailles menées ont bousculé des certitudes, mais elles n’ont pas tout emporté. L’excision a disparue . Les mariages précoces sont en recul significatif . L’égalité des droits atteintes malgré quelques inerties à en finir comme la violence faite aux femmes .
C’est pourquoi, au-delà des hommages et des célébrations, l’heure était aussi à la mobilisation. L’AFT, forte de son histoire, veut maintenant adapter son combat aux défis de demain. L’innovation et les nouvelles technologies sont déjà intégrées dans ses programmes, l’éducation et l’autonomisation économique restent des axes majeurs. L’association entend élargir son réseau de partenaires, étendre son influence, inscrire dans la durée les victoires .
Dans le regard de celles qui ont fait de l’AFT un espace de conquête, il n’y avait hier ni résignation ni triomphalisme. Juste cette conscience aiguë que les luttes les plus essentielles ne se gagnent jamais tout à fait. Elles se poursuivent, se transmettent, se renouvellent. À Tadjourah, depuis vingt-cinq ans, les femmes ont appris à ne plus attendre que l’histoire se fasse sans elles.