mercredi 30 avril 2025

Dissoudre pour mieux rebondir !

 La décision est tombée ce dimanche 27 avril 2025, comme un coup de semonce mûrement réfléchi : par décret présidentiel, le Fonds Souverain de Djibouti (FSD) a été dissous. Dans un communiqué publié en début d’après-midi sur sa page officielle, la Présidence de la République a confirmé que les fonctions du Conseil d’administration et du Directeur général prenaient fin. Hassan Issa Sultan, Inspecteur général de l’État, a été désigné pour conduire la liquidation du Fonds.

Derrière cette annonce, certains pourraient y voir une simple clôture administrative, voire une reconnaissance d’échec. Ce serait mal comprendre l’esprit de la décision. Car au contraire, il s’agit là d’un choix lucide et stratégique : celui de tourner une page pour mieux écrire la suivante.



Créé en mars 2020, alors que la pandémie mondiale fragilisait les économies du globe, le FSD incarnait une volonté politique forte : celle de soutenir la diversification de l’économie nationale en s’appuyant sur des co-investissements stratégiques. Énergie, infrastructures, santé, technologies, tourisme, éducation : autant de secteurs vitaux identifiés pour ancrer Djibouti dans une trajectoire de croissance durable et réduire sa dépendance aux seules activités logistiques et portuaires.

À l’époque, le pari était audacieux et légitime. Miser sur la résilience économique en mobilisant l’épargne nationale et les partenariats internationaux s’inscrivait dans une logique de souveraineté retrouvée. De nombreux pays émergents ont suivi cette voie, avec plus ou moins de succès.


Mais cinq années d’existence ont mis en lumière les limites du modèle adopté. Les résultats escomptés en termes d’investissements productifs n’ont pas été au rendez-vous. Le FSD, dans sa configuration initiale, n’a pas réussi à transformer ses engagements en moteurs concrets de diversification économique.

Dans un environnement régional devenu hautement concurrentiel, notamment avec la montée en puissance de nouveaux hubs africains, maintenir un outil inefficace aurait relevé de l’aveuglement. Djibouti ne pouvait se permettre d’avancer avec un fardeau, au risque de retarder l’indispensable modernisation de son tissu économique. C’est ce réalisme qui a prévalu. Dissoudre pour rebondir, réformer pour mieux grandir : telle est la logique profonde de cette décision.

À cet égard, la nomination d’un liquidateur expérimenté traduit également la volonté d’assurer une fermeture ordonnée, transparente et responsable du FSD. Une transition nécessaire pour préserver la confiance des partenaires nationaux et internationaux.


À l’échelle globale, les économies qui progressent sont celles qui savent s’adapter sans céder à l’inertie. L’immobilisme, dans un monde en accélération constante, est un piège mortel. Djibouti, par ce geste, démontre qu’elle refuse la tentation du statu quo. Le pays choisit le mouvement, la réforme, la capacité d’autoévaluation critique.

La dissolution du FSD n’est donc pas un arrêt brutal, mais bien une étape dans une trajectoire de réajustement et de consolidation. Elle traduit la reconnaissance que l’outil existant, s’il a rempli une fonction symbolique, n’était plus adapté aux exigences actuelles de compétitivité et de performance économique.

En ce sens, cette décision est aussi profondément politique : elle affirme la primauté de l’intérêt général sur les inerties institutionnelles.


Le Gouvernement a d’ores et déjà engagé une réflexion stratégique sur la création d’un nouveau mécanisme, mieux adapté aux réalités locales et aux standards internationaux. L’enjeu sera de construire un instrument plus agile, plus ciblé, capable de mobiliser efficacement les capitaux et d’orienter les investissements vers les secteurs réellement porteurs.

Transparence, gouvernance rigoureuse, sélection fine des projets d’investissement, ancrage territorial renforcé : autant de piliers qui devront guider la conception du futur dispositif.

Mais au-delà des outils financiers, c’est un état d’esprit qu’il faudra consolider : celui d’une économie djiboutienne ouverte mais souveraine, diversifiée mais cohérente, moderne mais attentive aux besoins de sa population.



À travers cette décision, Djibouti affirme un principe essentiel : celui de sa souveraineté économique. Non pas une souveraineté abstraite, mais une souveraineté pragmatique, qui se mesure à la capacité d’adapter ses stratégies de développement aux défis du moment.


Dans un contexte où la compétition pour attirer les capitaux, développer les infrastructures et renforcer la croissance inclusive est plus rude que jamais, cette souveraineté se joue dans les détails de la gouvernance, la pertinence des choix d’investissement et l’agilité des institutions.Djibouti, par sa position géographique stratégique, par son ambition de devenir un hub régional incontournable, n’a pas d’autre choix que de rester en mouvement. Cela suppose de savoir parfois déconstruire pour mieux reconstruire, dissoudre pour mieux rebondir.


Le défi est grand, sans doute. Mais il n’entame en rien l’horizon que s’est fixé le pays : faire de Djibouti une plateforme de prospérité, un acteur économique majeur dans la Corne de l’Afrique.

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